"Fidèle à lui-même" : deux ans après la disparition de Delphine Jubillar, son mari continue de nier

Un fourgon arrive à Cagnes-les-Mines où va se dérouler une reconstitution de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, le 13 décembre 2022 dans le Tarn - Charly TRIBALLEAU © 2019 AFP
Un fourgon arrive à Cagnes-les-Mines où va se dérouler une reconstitution de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, le 13 décembre 2022 dans le Tarn - Charly TRIBALLEAU © 2019 AFP

Durant six heures, la nuit de la disparition de Delphine Jubillar a été reconstituée à Cagnac-les-Mines, au domicile du couple, en présence du mari, suspecté du meurtre de sa femme.

Presque deux ans jour pour jour après la disparition de Delphine Jubillar, les enquêteurs ont cherché à retracer le déroulé de la nuit du 15 au 16 décembre 2020, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle la mère de deux enfants a laissé derrière elle ses papiers, clés et lunettes.

Son mari Cédric Jubillar a été conduit ce mardi à leur domicile de Cagnac-les-Mines, près d'Albi (Tarn), où il a continué à nier toute implication dans cette affaire.

"Il est parfaitement stoïque, même chez lui", explique Me Mourad Battikh, avocat de proches de Delphine Jubillar, à BFMTV. "Il a la même attitude que depuis le début de l'information judiciaire."

Cédric Jubillar, mis en examen pour homicide volontaire et écroué depuis juin 2021, est resté au cours de l'opération "fidèle à lui-même" et a donc continué de clamer son innocence, ont indiqué des avocats des parties civiles, qui espéraient des aveux, à l'issue de la reconstitution.

Un suspect qui reste "stoïque"

"Il n'a pas vraiment donné d'explications aux différents éléments saillants du dossier", résume Mélanie Vecchio, journaliste police-justice pour BFMTV. Mais les avocats de la famille de Delphine Jubillar ont salué "des éléments qui permettent d'avancer" dans l'instruction.

"On a pu constater que les cris qui ont été entendus par la voisine pouvaient être entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté donc le témoignage de la voisine (...) est d'autant plus crédible ce soir", a encore déclaré Maître Mourad Battikh.

"De la même manière on a pu avancer sur la paire de lunettes qui a été retrouvée en plusieurs morceaux (...) sur laquelle Cédric Jubillar n'a pas pu s'expliquer", a-t-il ajouté.

Cris stridents

Presque deux ans jour pour jour après les faits, Cédric Jubillar, peintre plaquiste de 35 ans, transporté dans un fourgon de l'administration pénitentiaire, est revenu sur les lieux de la disparition de son épouse, dans la maison où vivait le couple Jubillar. Pendant six heures, juges d'instructions, parties civiles, avocats de la défense, gendarmes de la Section de recherche en charge de l'enquête ou encore témoins ont pris part à l'opération. Un ingénieur son avait aussi été dépêché sur place. Des cris stridents ont ainsi résonné dans le village de 2500 habitants, bouclé depuis l'après-midi par un important dispositif de police. Le témoignage de l'aîné du couple, Louis, 6 ans au moment des faits a aussi été relu lors de cette mise en scène. Des voisins ayant constaté le changement de positionnement de la voiture de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre ont à nouveau été entendus.

Pour Laurent Boguet, l'un des avocats des enfants du couple, "les déclarations de ces témoins nous sont apparues extrêmement authentiques". "C'est un scénario qui se dessine", a-t-il estimé.

Rien "de concret" pour les avocats de Jubillar

Cette étape était très attendue par les avocats de Cédric Jubillar qui espéraient voir émerger de cette soirée un "scénario" auquel se confronter. "On est bien loin du commencement d'un embryon de quoi que ce soit", a avancé Me Emmanuelle Franck, l'une des avocates du suspect.

"Pas de scène de crime, on ne nous explique aucun geste, aucun lieu, aucun élément matériel n'est apporté."

"Ce n'est pas décevant parce qu'on s'y attendait mais c'est toujours surprenant de constater qu'après deux ans d'instruction, on n'est pas capable d'amener quelque chose de concret", a-t-elle encore ajouté.

Ni aveux, ni corps

Depuis deux ans, Cédric Jubillar réfute toute accusation. Selon lui, sa femme serait sortie de la maison vers 23h00 pour promener leurs deux chiens, alors qu'il dormait. Il dit avoir été réveillé vers 4h00 par les pleurs de leur fille, puis avoir alerté peu après les gendarmes après avoir constaté l'absence de son épouse.

Faute de corps, d'aveux ou de preuve irréfutable, une source proche de l'enquête préférait parler en amont d'une "mise en situation" plutôt que d'une "reconstitution".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Affaire Jubillar : après la reconstitution, Cédric Jubillar maintient sa version