Feux d'artifice : quand la magie nuit à la nature

Feux d'artifice : quand la magie nuit à la nature

C'est le clou du spectacle. Chaque année les célébrations du 14 juillet, jour de Fête nationale française, s'achèvent avec le traditionnel feu d'artifice. Mais derrière les étincelles et les détonations, une pratique polluante qui menace la nature.

Le danger est trop élevé. Dans un contexte marqué par la canicule et la sécheresse, plusieurs dizaines de villes françaises ont dû se résoudre à annuler leur feux d'artifice en raison du risque d'incendie. À Nîmes, Alès ou Aubagne, les spectacles prévus pour le 14 juillet ont été supprimés.

La menace n'est pas nouvelle. En 2019, pour les mêmes raisons, la préfecture de l’Hérault dans le sud-est de la France avait annulé les feux d'artifice qui devaient être tirés le 15 août.

Pour les artificiers, en revanche, si le danger existe il est possible de l'atténuer en choisissant correctement le types de feux employés et le lieu du spectacle, comme l'a souligné le site d'information Reporterre.

Cocktail explosif pour la santé et l'environnement ?

Du lithium pour les feux d'artifice rouges, du chlore pour le vert et du cuivre pour le bleu, c'est un cocktail potentiellement nocif qui est libéré à chaque spectacle dans l'air, l'eau et sur les sols. Avec pour conséquence, des effets sur la santé humaine et l'environnement que l'on connait encore mal.

Atom France, la Fédération des Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air indique par exemple qu'une contamination au cuivre pourrait entraîner de graves problèmes de peau.

Le phosphore, également massivement utilisé dans les feux d’artifice, entraînerait un appauvrissement des eaux en oxygène et un déséquilibre des écosystèmes locaux.

En mer, les plongeurs récupèrent tous les ans des restes de mortier ou des débris de fusées, dangereux pour la faune et la flore locale. On estime que 10 et 20% des déchets ne sont jamais ramassés.

+42% de particules après un feu d'artifice

Outre-Atlantique aussi on s'interroge. En 2015, des chercheurs américains ont publié une étude dans la revue Science Direct. Ils ont mesuré le taux de particules fines dans l'air après la Fête nationale du 4 juillet. Résultat : au cours de l'heure qui suit le feu d'artifice, le niveau de particules augmente de 42% et revient à la normale à partir du lendemain.

Atmo France tempère et précise "si un seul feu d’artifice n’a pas de conséquences dévastatrices sur l’environnement, c’est la répétition de ces spectacles qui peut entraîner des contaminations importantes".

Elle ajoute en s'appuyant sur le travail de l'Office Fédéral de l'Environnement Suisse, "en proportion annuelle, la pollution due aux feux d’artifice est moindre que celle liée à d’autres sources, comme le trafic routier".

Oiseaux en danger

À cette pollution invisible s'ajoutent des conséquences parfois fatales pour les volatiles. Stress, collisions, abandons de nids, ils sont particulièrement exposés lors des feux d'artifice. À Rome, le 1er janvier 2021 , des dizaines d'oiseaux ont trouvé la mort à la suite du spectacle pyrotechnique annuel.

Depuis plusieurs années, l’association Paris animaux Zoopolis interpelle la mairie de Paris sur les souffrances infligées aux animaux le 31 décembre et le 14 juillet. Elle demande des fusées "moins violentes" et moins bruyantes.

Feux d'artifice écoresponsables

Face aux critiques, les artificiers tentent de s'adapter et trouver des alternatives plus écologiques. Les feux d'artifice modernes utilisent maintenant de l'air comprimé pour propulser les fusées.

Comme Bordeaux, certaines villes imposent l'utilisation de carton pour emballer les feux. Exit donc le plastique et l'aluminium.

D'autres optent parfois pour des solutions plus radicales. Dans le Rhône, un arrêté prévoit l'interdiction des feux d'artifice selon le niveau de pollution dans le département. En juin dernier, celui de la ville de Fontaines-sur-Saône, au nord de Lyon, prévu à l'occasion de la fête de la musique avait ainsi été interdit.