Les festivals sont devenus “des fêtes de voisins pour bobos friqués”

Avec l’été reviennent les festivals musicaux. Mais, comme le note The Guardian, la musique y semble “de plus en plus secondaire”, et même “superficielle”.

“Boissons et nourriture recherchées, tables rondes, séances de méditation et autres propositions à la carte : de nombreux festivals de musique ressemblent de plus en plus à des stages de développement personnel, des marchés paysans, des rencontres universitaires ou encore des fêtes de voisins pour bobos friqués.”

Le groupe anglais Blossoms, sur la scène du Tramlines Festival de 2021, au Hillsborough Park, à Sheffield (Angleterre), en juillet 2021. 
Selon “The Guardian”, les festivals de musique se sont implantés dans la culture britannique. Ils sont devenus des rites de passage à l’âge adulte, en offrant des moments spéciaux, comme le fait de se coucher à 5 heures du matin dans une tente installée sur de la boue, s’amuse le quotidien. . Photo CHRISTOPHER FURLONG/Getty Images/AFP

En négligeant la musique, les festivals perdent leur identité. C’est l’“ironie ultime”, tacle The Guardian.

Selon le quotidien, des festivals britanniques comme Kendall Calling, Standon Calling ou Y Not Festival ne présentent que des différences mineures aujourd’hui.

Même le Hellfest met les petits plats dans les grands pour la nourriture. The Guardian a qualifié la dernière édition, en juin, de “paradis gastronomique”. Au menu : vin, huîtres et guédilles au homard.

Luke, un habitué, témoigne : “Je suis chef cuisinier, et je dirais que c’est de la bonne nourriture, et pas seulement pour les festivals.”

Au Hellfest, le plus grand festival de metal d Europe, en 2022. Selon “The Guardian”, peu de festivals détonnent autant que le Hellfest, qui a lieu dans la “paisible campagne de Clisson, près de Nantes”. . Photo JIMMY BEUNARDEAU/Hans Lucas/AFP
Au Hellfest, le plus grand festival de metal d Europe, en 2022. Selon “The Guardian”, peu de festivals détonnent autant que le Hellfest, qui a lieu dans la “paisible campagne de Clisson, près de Nantes”. . Photo JIMMY BEUNARDEAU/Hans Lucas/AFP

Pour le public, la restauration dans les festivals pâtit toutefois d’un gros défaut : son prix. Comme le rapporte Insider, un média américain spécialisé dans les affaires, un sandwich au poulet pané à Coachella 2023 coûtait 17 dollars (plus de 15 euros), hors taxe et sans le pourboire.

Au festival Coachella, à Indio (Californie), en 2019. Un utilisateur de Reddit, cité par “Salon”, conseille aux festivaliers souhaitant économiser sur le prix de la restauration : “Mangez un bon petit déjeuner. Prenez de la nourriture si vous le pouvez.” . Photo FRAZER HARRISON/Getty Images/AFP
Au festival Coachella, à Indio (Californie), en 2019. Un utilisateur de Reddit, cité par “Salon”, conseille aux festivaliers souhaitant économiser sur le prix de la restauration : “Mangez un bon petit déjeuner. Prenez de la nourriture si vous le pouvez.” . Photo FRAZER HARRISON/Getty Images/AFP

Ces prix élevés s’expliquent par le fait que les organisateurs prennent une commission sur les produits vendus, explique le magazine en ligne américain Salon.

Les restaurateurs ne font qu’une petite marge. S’ils acceptent ces conditions difficiles, c’est pour la publicité générée sur les réseaux sociaux lors de ces événements.

Le festival Paradise London, au Royaume-Uni. Le prix des billets de festivals musicaux et en “en général plutôt raisonnable”, relève “The Guardian”, “mais avec la pinte qui frise les 10 livres (11,70 euros) et la nourriture qui atteint déjà des prix de restaurant, même se contenter du basique peut déjà être prohibitif.”. Photo : Paradise London
Le festival Paradise London, au Royaume-Uni. Le prix des billets de festivals musicaux et en “en général plutôt raisonnable”, relève “The Guardian”, “mais avec la pinte qui frise les 10 livres (11,70 euros) et la nourriture qui atteint déjà des prix de restaurant, même se contenter du basique peut déjà être prohibitif.”. Photo : Paradise London

Les festivals instaurent donc un fossé entre les classes sociales, regrette The Guardian.

Selon le quotidien britannique, beaucoup de festivals sont pensés “seulement pour certaines personnes”. Ce qui accentue leur uniformisation.

Le groupe Amenra au Primavera Sound, à Barcelone, le 2 juin 2023. “Quand on voit ces festivals d’été à l’organisation éblouissante, qui semblent tout droit sortis d’un supplément week-end, il est difficile de ne pas rêver d’y aller”, concède “The Guardian”. . Photo Sergio Albert
Le groupe Amenra au Primavera Sound, à Barcelone, le 2 juin 2023. “Quand on voit ces festivals d’été à l’organisation éblouissante, qui semblent tout droit sortis d’un supplément week-end, il est difficile de ne pas rêver d’y aller”, concède “The Guardian”. . Photo Sergio Albert

Il reste pourtant une demande pour les festivals qui mettent vraiment la musique à l’honneur. The Guardian en veut pour preuve les spectateurs britanniques qui partent à l’étranger, pour assister à Primavera en Espagne ou au Guess Who aux Pays-Bas.—

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