La polémique Catherine Corsini au Festival de Cannes : beaucoup de bruit pour rien

La polémique Catherine Corsini : beaucoup de bruit pour rien
La polémique Catherine Corsini au Festival de Cannes : beaucoup de bruit pour rien

Crédit : EmilylouMay / Chaz Productions

La présence en compétition cannoise de Catherine Corsini, réalisatrice soupçonnée d’abus de pouvoir et de harcèlement, a fait grincer quelques dents. Mais Le retour méritait-il d’être sélectionné et de déclencher un tel tollé ?

Début avril, un courrier anonyme envoyé aux institutions du cinéma pointait du doigt des faits supposés de « harcèlement, violences verbales et physiques, humiliation et autres comportements au moins inadaptés » sur le tournage du Retour, dernier film de la réalisatrice de La fracture et Un amour impossible. Deux comédiennes, dont une mineur, auraient notamment été victimes d’un prédateur sur le tournage. Aucune plainte n’avait été déposée en justice mais une autre affaire venait étoffer le dossier : la cinéaste a en effet contourné la législation sur la protection des comédiens mineurs en faisant tourner à son actrice de 15 ans une scène de masturbation qui n’était ni inscrite au scénario déposé au Centre National de La Cinématographie ni validée par la Commission des Enfants du Spectacle qui gère les droits des enfants sur les plateaux. Après quelques rumeurs, la comédienne mineure a affirmé qu’elle n’avait rien tourné sous la contrainte mais, en raison de son erreur, la cinéaste a dû renoncer aux subventions du CNC qui lui étaient préalablement garanties (680 000 euros d'aides sur un budget de 4,7 millions.)

Le contexte était plus que défavorable pour la réalisatrice qui, à la veille de la première conférence de presse de Cannes, était évincée de la sélection, pour finalement revenir dans la course à la Palme d’or quelques jours plus tard. Sans preuves ni actions judiciaires, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux aura en effet choisi de ne pas prêter l’oreille à cette polémique, faisant de Catherine Corsini la septième femme de la compétition 2023 (le record historique). Alors que le producteur Marc Missonnier appelait au boycott cannois sur les réseaux sociaux, le collectif 50/50 répondait à cette sélection par un communiqué dénonçant les connivences au sein de l'industrie, empêchant la pleine libération de la parole.

Sulfureux ou pas ?

Suite à cette affaire, la projection sur la Croisette était plus qu’attendue mais elle aura finalement provoqué peu de remous. S’il est difficile de se prononcer sur ce qu’il est advenu en plateau, à l’écran, rien ne dépasse… pas même une émotion. A travers le portrait d’une mère et de ses deux filles de retour en Corse après 15 ans d’absence, d’intéressants sujets surgissent : le secret, l’éveil aux sens et à l’amour (la scène ajoutée n’est finalement pas au montage final), le passage à l’âge adulte, les disparités sociales, le rejet des origines… Mais tout n’est exploré qu’en surface, comme s’il y avait trois ou quatre films en un, et aucun d’abouti. L’interprétation est par ailleurs très inégale : Suzy Bemba et Aïssatou Diallo Sagna se démarquent mais de nombreux seconds rôles sonnent trop faux pour nous embarquer. Beaucoup de bruit pour rien… à l’écran tout au moins.

Voir un extrait du Retour

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