« Les femmes sont enfermées dans la culpabilité face au péché de gourmandise »

Comment a-t-on déréglé l'appétit des femmes ? se demande Lauren Malka dans Mangeuses, Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l'excès, aux éditions Les Pérégrines.   - Credit:BONY/SIPA / SIPA
Comment a-t-on déréglé l'appétit des femmes ? se demande Lauren Malka dans Mangeuses, Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l'excès, aux éditions Les Pérégrines. - Credit:BONY/SIPA / SIPA

À l'approche des fêtes, combien sont-elles encore à compter les calories et à rentrer le ventre ? Dans Mangeuses, histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l'excès (éd. Les Pérégrines), la journaliste Lauren Malka dissèque le rapport plein de culpabilité des femmes envers la nourriture, et montre qu'il ne date pas d'hier.

De l'Antiquité grecque à la Bible, en passant par le Moyen Âge et les publicités actuelles, l'autrice retrace l'histoire des injonctions contradictoires qui pèsent toujours sur le corps féminin et son rapport à la nourriture. Convoquant témoignages actuels et tirés de la littérature, sociologie et pensée féministe, elle synthétise et illustre la façon dont la femme, qui cuisine et doit se montrer « appétissante », doit depuis la nuit des temps tempérer son appétit et contraindre son corps afin de le garder à la fois « mince et gros ».

Entretien.

Le Point : Pourquoi vous être penchée sur ce rapport coupable entretenu par les femmes à l'alimentation ?

Lauren Malka : Nous avons en France une culture et un art de la nourriture, mais les tabous qui y sont liés sont complètement effacés de notre histoire. Notamment le rapport des femmes à l'acte de manger et de cuisiner, qui cristallise les différents aspects de la fabrique du sexisme dans ce qu'il a de plus contradictoire. Dans mon livre, je raconte l'histoire d'un enfermement des femmes dans un rapport de culpabilité face au péché de gourmandise. C'est une sorte d'archéologie de [...] Lire la suite