Faure dénonce "la méthode Mélenchon" et appelle à "un fonctionnement démocratique" de la Nupes
"Inacceptable". Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, renouvelle ses critiques contre la direction de La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon, dont il dénonce "la méthode" dans une interview pour Libération ce jeudi.
En cause: "les prises de position" du parti et de son leader depuis les attaques du Hamas contre Israël samedi dernier. LFI fait l'unanimité contre-elle dans la classe politique, y compris chez ses alliés de gauche.
Le patron des roses déplore que Jean-Luc Mélenchon et les insoumis ne qualifient pas le mouvement islamiste palestinien "d'organisation terroriste".
"Ils en font une armée régulière qui commettrait crimes de guerre. Non! On ne peut pas légitimer des individus qui se sont arrogé la cause palestinienne avec des méthodes barbares et en réalité la desservent", martèle-t-il.
"Droit international"
Ce mercredi, Jean-Luc Mélenchon a justifié la rhétorique insoumise lors d'une conférence à Bordeaux, déclarant ainsi: "Si j'avais à gouverner la France, je n'utiliserais pas ce vocabulaire (NDLR: l'emploi du mot 'terroriste' pour qualifier le Hamas)" car "si nous acceptions de caractériser comme terroriste une action de guerre, nous la soustrayons au droit international, le droit international ne prévoit aucune dénomination de caractère terroriste."
Et d'ajouter: "Les deux seules organisations qui ont été montrées par l'ONU comme étant des organisations terroristes sont Al Qaïda et Daesh, point final", a développé le triple candidat à la présidentielle. L'ONU ne reconnaît pas le Hamas comme une organisation terroriste contrairement à la France et l'Union européenne.
Jusqu'ici, l'argumentaire insoumis s'avère largement insuffisant pour convaincre le PS où plusieurs élus opposés à la Nupes comme Anne Hidalgo poussent pour une fin de cette "mésalliance" avec les insoumis, pour reprendre les mots de la maire de Paris. Libération nous informe qu'une partie de l'opposition interne du parti au poing et à la rose voulait voter une éventuelle sortie de la coalition mardi en bureau national. La direction a reporté ce sujet, qui devrait être traité samedi, toujours d'après le journal, lors d'un conseil national.
Olivier Faure refuse de se prononcer pour une fin de l'alliance. Il tacle sévèrement Anne Hidalgo, rappelant à l'ex-candidat à la présidentielle que si elle "n’avait pas fait 1,7 % à la présidentielle, le rapport de force des négociations qui ont abouti à l’accord de la Nupes aurait été bien différent". Or, "Jean-Luc Mélenchon a fait 22 % à la présidentielle" et "personne ne peut rayer cela d’un trait de plume", souligne le parlementaire.
"Cette méthode doit changer"
À ses yeux, "le problème ce n'est pas la Nupes", mais plutôt "la méthode" du tribun de 71 ans. Soit celle, à ses yeux, de "ne jamais chercher le centre de gravité du rassemblement de la gauche, toujours radicaliser les positions sans consulter ni respecter ses partenaires." "La conflictualisation systémique place un plafond de verre au-dessus de la gauche alors qu’elle doit s’élargir pour gagner", alerte Olivier Faure, qui chantait ce même refrain vendredi dernier. Soit, un jour avant les attaques du Hamas.
Le premier secrétaire prend un exemple précis de la dite "méthode" et évoque la réforme des retraites. "Il a suffi d’une intervention extérieure, celle de Jean-Luc Mélenchon, pour que, d’un seul coup, nous nous retrouvions dans une situation de blocage", regrette-t-il, alors que l'insoumis poussait pour que l'article 7, reportant l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, ne soit pas voté à l'Assemblée nationale. Plaidant pour un "fonctionnement démocratique de la coalition", Olivier Faure prévient: "Cette méthode doit changer ou tout ce qui a été construit en 2022 se dissoudra".