Quand la FAO met la pression pour baisser (artificiellement) les chiffres des émissions du bétail

Être employé de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies (FAO), un rêve ? Pas vraiment quand on doit rédiger un rapport sur la contribution des animaux d’élevage aux émissions de gaz à effet de serre.

D’anciens responsables de l’agence onusienne, basée à Rome, témoignent anonymement dans le Guardian des pressions exercées par leurs supérieurs, lesquels répondraient à celles des lobbys agricoles.

Censure, sabotage ou encore dénigrement auraient commencé en 2006, après la publication du rapport “Livestock’s long shadow” (LLS), et auraient continué pendant des années.

Il faut dire que le LLS est le premier rapport officiel à avoir estimé le coût écologique des secteurs de la viande et du lait, qui représenteraient 18 % des émissions de gaz à effet de serre. “Cela a choqué une industrie qui considérait depuis longtemps la FAO comme une alliée fiable. Et cela a déclenché une répression interne de la part de la hiérarchie de la FAO, selon les anciens responsables”, indique le quotidien britannique, qui cite l’un d’entre eux :

“Il y a eu des pressions importantes en interne et des conséquences, au sein du staff permanent, sur la progression des carrières professionnelles. Ce n’était vraiment pas un environnement de travail sain.”

Le Guardian rappelle que les scientifiques remettent régulièrement en cause les chiffres de la FAO, qui n’a eu de cesse de diminuer ses estimations sur la contribution de l’élevage à la hausse des températures, passant de 18 % (2006) à 14,5 % (2013) et aujourd’hui à 11, 2 %. D’après un chercheur de l’université anglaise Edge Hill, qui a publié un article à ce sujet en 2021, l’estimation minimum serait plutôt de 16,5 % et pourrait aller jusqu’à 28,1 %.

La FAO et les lobbys des filières de la viande et du lait n’ont pas répondu aux questions du Guardian, qui a interrogé une vingtaine d’actuels et d’anciens fonctionnaires de la FAO. Pour Anne Mottet, chargée jusqu’en juin 2023 de la politique d’élevage, la diminution des chiffres s’explique par de meilleures pratiques et des méthodes d’estimation affinées. Elle assure qu’il n’y a pas de pression particulière de la part des lobbys.

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