Fan de manga, Tchétchène réfugié en France, ami de Chimaev... tout ce qu'il faut savoir sur Baki avant son combat face à Doumbè au PFL

Baysangur Chamsoudinov. Ce nom ne vous dit peut-être rien, c’est parce que le Français de 22 ans est surtout connu sous son surnom 'Baki'. Ce jeudi à Bercy, c’est bien pourtant lui qui défiera la star Cédric Doumbè lors d’un combat de MMA au PFL Europe. La promesse d’une belle bagarre entre les deux combattants tricolores après plus d’un an à se lancer des piques par médias interposés ou sur les réseaux. Un an après avoir lancé la guerre face à 'The Best', Baki va donc avoir l’occasion de s’y frotter lors du plus gros défi de sa carrière jusqu’ici.

Mais du haut de ses sept victoires en sept combats (dont trois avant la limite) Baki va surtout tenter de mettre fin à la montée en puissance de son rival. Si Jordan Zebo n’y était pas parvenu en s’inclinant lourdement face à l’ancien champion du monde de kickboxing, Baki veut poursuivre son ascension vers les sommets de son sport. Un chemin qui passe par ce duel 100% français contre Doumbè à Paris.

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Un fou de jeux vidéo avec un surnom tiré d’un manga

Habitué des réseaux sociaux, avec déjà plus de 312.000 fans qui le suivent sur Instagram, Baysangur Chamsoudinov n’est pas le plus connu des combattants français. En tout cas pas sous ce nom puisqu’on l’appelle plus volontiers par son pseudo 'Baki' comme le personnage de l’animé Baki Hanma.

"C’est mon coach qui l’a choisi mais j’ai bien kiffé ce surnom parce que j’étais fan de la série", soulignait le protégé de Fernand Lopez à la MMA Factory lors de son passage dans l’émission Dans la sauce sur la chaîne Twitch RMC Sport en janvier 2023.

Passionné de mangas, qu’il dévore à l’envi pendant son temps libre, Baki est aussi un grand amateur de jeux vidéo. Le combattant préfère ainsi rester chez lui plutôt que de sortir et de se laisser griser par sa célébrité nouvelle.

"J’aime bien Minecraft et Skyrim", avait-il encore glissé voilà un peu plus d’un an sur le Twitch de RMC Sport. "[…] C’est dur de choisir entre les mangas et les jeux vidéo. Ce sont les deux univers que j’aime bien." Et de préciser que, non, il ne se sent pas plus fort que Baki Hanma: "Il est un peu top fort pour moi. Après, il est un peu plus léger donc je ne sais pas mais sur le striking il me tabasse."

Un réfugié tchétchène fier d’être Français

Né en Tchétchénie et arrivé en France très jeune avec ses frères aînés et ses parents après un bref passage par l’Allemagne, Baki est régulièrement renvoyé à cette origine. Sans la renier, le combattant de 22 ans est fier de cette double appartenance qui lui a permis de devenir le combattant qu’il est aujourd’hui.

"Je suis Tchétchène d’origine et Français, j’ai les papiers français. Ce n’est pas compliqué (de se situer entre ses deux identités) parce que finalement j’ai grandi en France. Je suis arrivé à quatre ou cinq ans. Donc je suis allé à l’école en France, j’ai beaucoup d’amis et tous mes potes je me les suis faits en France. Je me sens comme chez moi ici", se confiait encore Baki au micro auprès de RMC Sport il y a un peu plus d’un an. "Bien sûr (que c’est une fierté) parce que la France m’a accueilli. Bien sûr que c’est une fierté. Et la Tchétchénie et la France… La France a essayé d’aider la Tchétchénie quand on était en guerre avec la Russie. Je n’ai rien de mauvais à dire aux Français."

Tout ne s’est pas forcément passé de manière rêvée pour la famille Chamsoudinov au moment de son acclimatation dans l’Est de la France à Haguenau près de Strasbourg. Comme le rappelle le lutteur, ses parents ont fait le choix de quitter la Tchétchénie même si rien ne les obligeait. Malgré la guerre, ils auraient pu rester au pays mais pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants, la famille est venue en France. Si lui l’a bien vécu, ses deux aînés ont eu un peu plus de mal en Alsace.

"Notre installation en France, c’était un peu plus dur pour mes deux grands frères qui ont dix ans de plus que moi. Il y avait parfois des petites blagounettes qui se font entre camarades de classe mais qui ne passent pas en Tchétchénie. On avait souvent des bagarres", s’est encore remémoré Baki pour la chaîne Twitch RMC Sport. "Mais là, vu qu’il y a plus de Tchétchènes en France, les gens savent qu’il y a des choses qui ne se font pas, les mentalités changent."

Avant d’ajouter: "Quand j’étais petit j’étais vraiment très gentil, je le suis toujours. Mais je n’étais pas un mec qui cherche les ennuis mais quand il fallait se défendre je le faisais. Quand je venais d’arriver en France, il y avait des petites blagues qu’on ne pouvait pas accepter chez nous donc cela créait des petites bagarres. Parfois on disait que je me battais pour rien, mais ce n’était pas rien pour moi."

Des connexions avec la superstar Chimaev

Fier d’être la France, dont il porte haut les couleurs lors de ses combats - il a même demandé à Arès de retirer le drapeau tchétchène pour mettre le Bleu-Blanc-Rouge à côté de son nom lors de ses passages dans la cage – Baki revendique clairement ses origines tchétchènes. Et cela lui a même valu d’entrer en relation avec Khamzat Chimaev, prétendant au titre UFC des poids moyens et nouvelle star mondiale du MMA avec 13 victoires en 13 combats.

Au départ, les deux lutteurs tchétchènes se suivaient simplement sur les réseaux sociaux. Mais pendant la dernière année, les deux hommes se sont rapprochés. Désormais combattant pour les Emirats arabes unis et installé à Dubaï, Khamzat Chimaev semble s’être pris d’affection pour Baki Chamsoudinov.

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"Baki et Parnasse sont vraiment bons, ils sont jeunes et veulent vraiment être les meilleurs. Quand les gars ont faim c’est bien de s’entraîner avec eux", avait ainsi 'The Wolf' pour RMC Sport en octobre 2023. "Ils ont tous les deux un très bon niveau."

Joignant le geste à la parole, Khamzat Chimaev a donc invité Baki à venir participer à plusieurs de ses sessions d’entraînement à Dubaï ces derniers mois. De là à imaginer un combat futur entre les deux hommes à l’UFC? Impossible comme l’a clairement signifié le Français auprès de RMC Sport voilà plus d’un an: "Non, parce qu’entre Tchétchènes on ne s’affronte pas. On ne s’affronte pas entre Tchétchènes!"

A défaut d’un duel entre les deux lutteurs, il n’est pas impossible de voir Khamzat Chimaev assister à l’affrontement entre son cher Baki et Cédric Doumbè depuis les premiers rangs voir depuis le coin de son nouveau chouchou. Avant le rendez-vous de jeudi à Bercy, l’Emirati s’est ainsi laissé aller à cette petite phrase "Un brillant avenir", en légende d’une photo du guerrier de 22 ans vêtu d’un drapeau de la France. Excusez du peu.

Baki, un lutteur né au judo

Très rapidement identifié comme l’un des futurs grands noms du MMA tricolore, Baki a pourtant mis quelques années avant de vraiment s’y mettre. Après son arrivée en France pendant l’enfance, il s’est d’abord mis au judo. Un sport où il a développé une vraie discipline de travail et une vraie mentalité de champion. Au point d’aller y chercher une ceinture noire. Mais à un moment donné de sa croissance, le judo ne lui a pas suffi.

"Je ne pense pas que j’aurais eu un avenir olympique en judo parce que j’ai besoin de pouvoir combattre avec plusieurs options. Et au judo il n’y avait malheureusement pas plusieurs options", révélait le combattant sur le Twitch RMC Sport en janvier 2023. "Quand tu tombes sur un mec meilleur que toi, il n’y a pas de plan B. C’est foutu. Et je trouve que c’est un peu nul parce que cela favorisait certaines morphologies comme Teddy Riner. Sa morphologie l’aide énormément et en plus il a un entraînement adapté."

Avant de distinguer ce sport du MMA: "Au judo cela ne va que dans un sens alors qu’au MMA je peux même affronter un mec dopé, meilleur que moi physiquement ou techniquement et quand même le battre. Et ça, je kiffe de ouf. Franchement, je suis tellement content de faire du MMA, chaque jour c’est un plaisir."

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Faute de club de MMA à proximité de chez lui aux alentours de Strasbourg, Baki se retrouve contraint de parcourir 60 kilomètres aller et autant au retour pour s’entraîner. Bien aidé par son père, toujours très présent à ses côtés, pour l’emmener, le phénomène tricolore a pu faire ses armes et développer son potentiel. Plus qu’un sport ou un métier, le MMA est une véritable passion pour Baki Chamsoudinov. Un amour de la bagarre qu’il combine avec sa foi dans les instants cruciaux de sa préparation pour un combat.

"J’ai parfois l’impression d’être en discussion avec Dieu avant mes combats", concédait encore l’intéressé en 2023. "Cela m’aide et pendant la phase de cutting (pour faire le poids), quand on est privé de nourriture et qu’on s’entraîne beaucoup, on est dans des situations difficiles avant le combat donc on a foi en Allah car le soulagement approche. On croit en lui."

L’arme anti-Doumbè?

Face à Cédric Doumbè, toujours aussi volubile et actif sur les réseaux sociaux et dans les médias, Baki a fait face avec les mêmes armes. Quand son rival lui balance une pique, le combattant de 22 ans réplique sans sourciller et avec la fraîcheur de la jeunesse. Si les deux hommes se rapprochent par leur maîtrise de la communication pré-combat, Baki n’est pas un trash-talker comme peut l’être son aîné. Pas question de rentrer dans la tête de son adversaire par des punchlines. Mais selon lui c’est d’abord par sa technique qu’il fait la différence.

"Quand vous voyez Baki dans la cage, vous voyez un combattant complet qui montre le MMA comme il devrait être", se présentait le principal lors de son passage dans le podcast RMC Fighter Club dès janvier 2023. On a du striking, du grappling, de la lutte, des transitions, du contrôle contre la cage. C’est du MMA quoi."

Ancien roi du Glory, Cédric Doumbè fait probablement partie des meilleurs du monde en striking. Mais entre son passé au judo et le savoir-faire de l’école tchétchène, Baki est passé maître en lutte.

Un peu à l’image des Khamzat Chimaev ou de Khabib Nurmagomedov en son temps, il a les moyens d’étouffer ses adversaires en les emmenant au sol. Suffisant pour mettre fin à la hype Doumbè? Pas sûr. Mais le combat de jeudi entre les deux hommes donnera lieu à un beau combat.

Reste à savoir s’il validera la suprématie de Cédric Doumbè ou s’il couronnera un nouveau roi. Un succès de Baki face à son aîné lui offrira une nouvelle exposition et lui ouvrira peut-être les portes de l’UFC, son rêve ultime. Et peut-être qu’alors, on le connaître aussi comme sous le nom de Baysangur Chamsoudinov.

Article original publié sur RMC Sport