Comment la famille royale britannique a réussi à maintenir le secret autour de ses successions

Comment la famille royale britannique a réussi à maintenir le secret autour de ses successions

Dans la famille royale britannique, la discrétion est une valeur cardinale. Cela s'applique aussi aux testaments. Les membres de la famille royale ont ainsi réussi, par une dérogation de la loi britannique, à maintenir secret le contenu de leurs successions. Le Guardian, qui a enquêté sur le sujet, estime à 187 millions de livres (219,5 millions d'euros) le montant des sommes de ces testaments, en s'appuyant sur des fichiers gouvernementaux déclassifiés.

Bijoux, propriétés, argent, la nature de ces héritages n'a jamais été divulguée au public, et ces biens ont ainsi pu être redistribués sans aucun justificatif "à des parents, des amis ou du personnel", évoque le Guardian.

"Dignité de la reine"

Le journal a engagé en novembre 2021, une action en justice, et fait appel en janvier dernier, pour "contester une décision d'exclure les médias d'une audience, où il a été décidé de garder secret le testament du duc d'Édimbourg", mort en avril 2021. Le testament du prince Philip, le plus récent en date dans la famille royale, est ainsi scellé pour 90 ans dans le souci, selon le juge de la Haute Cour de préserver "la dignité de la reine".

"J'ai choisi, en raison de la position constitutionnelle de la souveraine, de suivre une procédure spéciale concernant les testaments royaux", avait alors annoncé le juge Andrew McFarlane. Lui-même ignore le contenu du texte.

L'affaire est de nouveau devant les tribunaux à partir de ce mercredi et doit permettre, selon le quotidien de gauche, d'attirer l'attention sur "le secret qui entoure une obscure exemption accordée à la famille royale".

Pratique controversée

Le quotidien assure ainsi que "pendant des décennies, les avocats de la famille royale ont obtenu des juges de la Haute Cour des ordonnances légales pour que le contenu des testaments reste confidentiel après le décès de parents".

Selon le Guardian, les demandes de dérogation, obtenues légalement par la famille royale, ont permis de dissimuler ce que contenaient les successions de la "Queen Mother", mère de la reine Elizabeth, ou de sa sœur, la princesse Margaret, toutes deux disparues en 2002, le duc de Windsor, oncle de la reine qui a régné brièvement sous le nom d'Edward VIII avant d'abdiquer en 1936, ainsi que d'une trentaine de membres de la famille, depuis 1911.

Une pratique controversée, quand on sait que les testaments du commun des mortels sont, eux, rendus publics après leur mort, pour éviter les fraudes et prévenir les bénéficiaires.

Article original publié sur BFMTV.com