La face cachée du pistage sur Internet

Alors que les deux géants Google et Apple multiplient les annonces en faveur de la confidentialité des internautes, notre enquête révèle que leur traçage est loin d'appartenir au passé. Bien au contraire. Les fuites de données sont légion, notamment sur les sites médicaux.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°908, daté octobre 2022.

Sous couvert de protéger l'internaute, les géants du Web se livrent une guerre sans précédent pour décider des informations qu'ils pourront collecter sur lui. Apple contre Facebook d'abord. Depuis mai 2021, le premier intègre à iOS, son système d'exploitation mobile, une fonction dévastatrice pour le second : l'App Tracking Transparency (ATT). Installée par défaut, elle demande à l'utilisateur s'il autorise ou non une application à tracer son activité sur Internet. Facebook a publiquement protesté, allant jusqu'à prévoir une perte de 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour cette année à cause de cette fonction, sachant pertinemment que beaucoup d'utilisateurs refuseront d'être pistés.

En parallèle, Google compte mettre fin aux "cookies" tiers sur son navigateur Chrome d'ici à fin 2023. Les cookies ? Ce sont des identifiants stockant une information liée à un internaute (nom, temps passé sur le site, pages visitées…). Ils se créent lors de la visite d'un site Internet, à l'origine pour des raisons d'ergonomie (formulaire prérempli, paramétrage conservé, etc.) ou d'analyse de trafic, mais ils sont aussi massivement utilisés pour du ciblage publicitaire. Le cookie dit tiers permet à un site de continuer à suivre un de ses visiteurs à travers un navigateur même quand il va sur d'autres services en ligne. On peut bien sûr les effacer, encore faut-il savoir le faire et y penser.

Les alternatives aux cookies sont multiples

Deux géants du numérique qui brident le traçage : assisterait-on à un bouleversement majeur profitable à l'utilisateur ? La réalité est moins glorieuse. "Ces initiatives obligent les sociétés à être plus inventives pour continuer à suivre les internautes mais ce n'est pas ce qui va empêcher tout traçage ", prévient Arnaud Legout, chercheur à l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) à Sophia-Antipolis (Alpes-M[...]

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