Face à la génération de musique par IA, des labels attaquent les sociétés éditrices de Suno et Udio

Les plus grands labels de musique américains portent plainte contre des sociétés d’IA. Photo d’illustration.
VALERIE MACON / AFP Les plus grands labels de musique américains portent plainte contre des sociétés d’IA. Photo d’illustration.

MUSIQUE - Une technologie qui inquiète les labels. Plusieurs géants de l’industrie du disque, dont Sony Music, Universal Music Group ou encore Warner Records ont porté plainte contre les sociétés développant les outils de génération par intelligence artificielle Suno et Udio, a annoncé la Recording Industry Association of America (RIAA) lundi 24 juin.

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Les majors accusent ces sociétés d’avoir « volé de nombreux enregistrements sonores protégés par le droit d’auteur et exploités sans autorisation par deux sociétés multimillionnaires ». Ces services, Suno et Udio donc, permettent de générer des chansons combinant chant et instrumentation grâce à l’intelligence artificielle, en apprenant à partir de morceaux préexistants.

La RIAA, le syndicat américain des éditeurs de musique, détaille d’ailleurs sur X comment ces services ont réussi à copier les œuvres des artistes. En partant d’une requête incluant le nom du chanteur Jerry Lee Lewis, Suno a ainsi généré une chanson reprenant les paroles du morceau Great Balls of Fire de l’artiste, sorti en 1961.

Raison pour laquelle la RIAA décide de répliquer devant la justice. « Ces poursuites sont nécessaires pour renforcer les règles de base les plus élémentaires en matière de développement responsable, éthique et légal des systèmes d’IA générative, et pour mettre fin aux violations flagrantes de Suno et d’Udio », explique Ken Doroshow, directeur juridique de la RIAA, dans un communiqué.

Lutter contre les IA musicales non éthiques

Si l’industrie musicale collabore déjà avec des développeurs d’IA dites « responsables, » la RIAA reproche à Suno et Udio de « faire reculer la promesse d’une IA véritablement innovante », en ne respectant pas les règles de consentement et en ne versant aucune rémunération aux labels.

Ce à quoi Mikey Shulman, le PDG de Suno, a répondu que ces technologies sont « conçues pour générer des résultats complètement nouveaux, et non pour mémoriser et régurgiter du contenu préexistant ».

La RIAA espère, à l’issue de cette plainte, obtenir trois choses. D’abord, le syndicat compte obtenir des confessions de la part de Suno et Udio, dans lesquelles elles reconnaîtraient avoir violé les droits d’auteur des enregistrements sonores des plaignants. Ensuite, la RIAA veut obtenir de la justice des injonctions interdisant aux services de violer les droits d’auteur des enregistrements sonores des plaignants. Enfin, le syndicat espère recevoir des dommages et intérêts pour les violations déjà commises.

Ce n’est pas la première fois que des sociétés utilisant des services d’intelligence artificielle sont visées par des poursuites judiciaires. En avril, des centaines des musiciens ont en outre signé une lettre ouverte demandant à plusieurs développeurs de cesser d’utiliser leurs œuvres.

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