« La fabrique de l’œuvre » : par-dessus l’épaule de Proust, à la BNF

« La bande joyeuse » par René Prinet.  - Credit:BNF
« La bande joyeuse » par René Prinet. - Credit:BNF

Sur le mur, les premiers mots d'À la recherche du temps perdu s'inscrivent comme au fil de la plume, dans la graphie si particulière de Marcel Proust. Des ratures, des repentirs… pas moins d'une trentaine d'étapes intermédiaires, et puis soudain : « Regardez ! s'exclame l'une des trois commissaires de l'exposition, Nathalie Mauriac Dyer, là, il va barrer “le soir”… Et il écrit, enfin : “Longtemps, je me suis couché de bonne heure”. »

« C'est comme si nous étions dans la pièce avec lui et que nous regardions par-dessus son épaule », souffle Guillaume Fau, l'autre commissaire, avec Antoine Compagnon, de cette exposition exceptionnelle. Et en effet, c'est bien là, par-dessus l'épaule de l'écrivain, que « Marcel Proust, la fabrique de l'œuvre », à la BNF François-Mitterrand*, place le visiteur.

Parmi les 350 objets présentés le long d'un parcours constamment fluide, il y a des lettres de la main de Proust, comme cette étonnante missive de février 1914 à Jacques Rivière : « Ce n'est qu'à la fin du livre, et une fois les leçons de vie comprises, que ma pensée se dévoilera ! » On verra aussi, avec intérêt, le compte rendu d'une filature ordonnée par l'écrivain pour connaître les faits et gestes de son amant et chauffeur, Alfred Agostinelli (le modèle du personnage d'Albertine), et un sinistre rapport signalant la présence d'un certain Marcel Proust, rentier de son état, dans un hôtel de passe, un soir de descente de police

 - Credit: ©  BNF
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Portrait de Robert et Marcel Proust, BnF [...] Lire la suite