F1: avec une monoplace nouvelle et différente, Alpine ne s’attend pas à performer d’entrée
Après une année 2023 manquée (6e place constructeur, deux 3es places en Grand Prix), Alpine a choisi de prendre une direction différente. "C’est une nouvelle voiture de l’aileron avant à l’aileron arrière. Je pense que l’on peut avoir le potentiel, nous avons opté pour une approche agressive", révélait le directeur technique Matt Harman lors de la présentation de l’A524 à Enstone.
"L’aéro a été revu, les suspensions ont été revues, on a travaillé sur le centrage des masses également… On a amélioré la voiture de manière globale", ajoute le Team Principal Bruno Famin. Un choix fort effectué pour plusieurs raisons. La première est que la monoplace de l’an passé, pas assez performante, semblait être "limitée" dans son concept, selon les termes de Pierre Gasly. La voiture de cette année est "différente et agressive". "On pense avoir compris un certain nombre de choses par rapport aux années précédentes", appuie Famin.
La seconde concerne le changement de règlement prévu pour 2026. "L’idée est de faire un gros développement en 2024 et un plus léger en 2025, de manière à dédier un maximum de ressources à la voiture qui sera 100% nouvelle en 2026." L’idée de cette A524 a été débattue avec les équipes à Enstone et Viry-Châtillon ainsi que les pilotes. "C’est agressif, il y a beaucoup plus de carbone noir apparent", approuve Esteban Ocon. Gasly, lui, se sent "en bien meilleure condition, plus à l’aise et plus intégré" par rapport à l’an passé où il était encore dans la découverte de sa nouvelle équipe.
"C’est possible qu’on souffre"
Les pilotes n’ont toujours pas pu tester leur nouvelle A524 "en vrai", sur la piste. Ils ont eu des premiers ressentis avec le simulateur. Ils pourront le faire du 21 au 23 février lors des essais à Bahreïn. Même s’il ne faudra pas tirer de conclusions hâtives. "Ça donne un premier feeling mais il ne sera pas suffisant pour avoir une vue d’ensemble, d’autant que certains cacheront un peu leur jeu", dévoile Pierre Gasly. "On commencera les tests de Bahreïn en essayant de comprendre cette voiture. Comment va-t-on progresser ? C’est ça qui va faire la différence", appuie Esteban Ocon.
L’écurie française la joue donc humble en ce début d’année, loin de l’objectif annoncé haut et fort il y a un an, de se rapprocher du top 3 des écuries. "J’attends de pouvoir constater des améliorations dans notre mode de fonctionnement, notre capacité à améliorer voiture, améliorer notre efficience globale. […] Une fois qu’on aura fait ça, les résultats viendront, explique Bruno Famin. Je ne sais pas où on se situera", avoue le Français, qui dit vouloir "saisir toutes les opportunités qui se présenteront". Revenir dans le top 5 est-il réaliste ? "Je ne sais pas mais ce n’est pas un objectif qu’on affiche."
Bruno Famin confirmé et déchargé
Famin, qui gère tout le département sport d’Alpine, est donc à la tête de l’équipe de F1… Et est conforté dans son rôle. Il avait été propulsé à la tête de l’écurie à l’été 2023 lors de la grande réorganisation d’Alpine. Mais pour le soulager, deux postes de "chief operating officer" ont été créés. John Woods sera celui d’Enstone tandis que la Française Audrey Vastroux, directrice essais et exploitation du département moteur, tiendra ce rôle à Viry-Châtillon. Ils géreront les "affaires courantes" sur place pour "faire tourner" les deux usines. Une réorganisation pour débuter la saison avec un Team Principal conforté et plus concentré sur sa tâche.
L’idée est que toute l’organisation soit claire et que tout le monde puisse mettre ses forces au service de la performance. "J’ai envie d’être aux avants postes", souriait Gasly, "aller chercher la victoire". "C’est trop tôt pour se donner des objectifs mais on s’est dit qu’il fallait être patient pour développer la monoplace." "On tourne la page", appuie Esteban Ocon. "Mon objectif personnel est d’optimiser la performance, maximiser le potentiel. On a un plan sur les évolutions."
Mais seules les courses livrent la vérité et il se pourrait que la mise en route prenne quatre ou cinq Grand Prix avant de voir Alpine essayer de jouer devant. "C’est un vrai risque car on ne sait pas si on est plutôt 4e ou 10e, avoue Famin. On est sept équipes à avoir les mêmes interrogations. C’est possible qu’on souffre, on a des choses en portefeuille pour les prochaines courses." On se doute, quand même, que faire mieux que l’an passé est une obligation dans l’esprit de tous.