Exposition : marronnage, l’art de briser les chaînes

Dans tous les pays où furent transportées de force des personnes réduites en esclavage, certaines parvinrent à s’enfuir, devenant des esclaves “marrons”. L’exposition “Marronnage, l’art de briser les chaînes”, à la Maison de l’Amérique latine à Paris, raconte leur histoire, en faisant dialoguer des œuvres issues de l’ethnographie et celles d’artistes contemporains descendants de ces populations, les tembeman.

Debout devant le fronton d’une habitation en bois coloré dévorant tout un pan de mur, l’artiste Carlos Adaoude, dit Kalyman, raconte comment il a démonté ces éléments de décor de la façade de sa maison de la forêt, pour les transporter en pirogue, afin qu’ils puissent être envoyés à Paris et y être exposés. Des frontons de carbets dont les symboles expriment les sentiments de ses occupants. Ces décors peints et gravés sont ceux du tembe, mot bushinenge signifiant “art” chez les peuples issus du marronnage, pour qualifier les entrelacs complexes des figures inscrites dans le bois, mais aussi toutes les formes que prennent ces créations, que ce soit les peintures sur toile, la gravure sur calebasse, la broderie sur tissu, la musique, ou la danse.

L'artiste peintre Carlos Adaoude, dit Kalyman, devant le fronton d'une maison bushinenge. © Bernadette Arnaud/Sciences et Avenir

Installée jusqu’au 24 septembre à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, l’exposition “Marronnage, l’art de briser les chaînes” accueille ainsi les œuvres d’artistes contemporains venus du Suriname et de Guyane ainsi qu’un ensemble d’objets issus de collections ethnographiques racontant l’histoire du phénomène que fut le marronnage. Que ce soit au Guyana, au Suriname ou en Guyane, l’immense forêt amazonienne abrita dès le 17e siècle, nombre de communautés recréées dans l’isolement le plus total, qu’elles soient Saamaka, Aluku, Duyka, Paamaka, Boni, Mataway ou encore Kwinti.

Bwi, objet magico-religieux de protection, extrait du film "Guérisseurs noirs d'Amazonie"(1998). ©Geneviève Wiels

Le phénomène du marronnage

"Le marronnage est inhérent à toutes les sociétés qui furent soumises à la traite négrière et l’esclavage", rappellent Geneviève Wiels et Thomas Mouzard, les deux commissaires de l’exposition. Dans tous les pays où les navires négriers les transportèrent de force, et poussés par l’extrême cruauté de certains planteurs, quelques esclaves parvinrent en effet à s’enfuir, devenant alors des [...]

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