“Les expats devraient arrêter de se morfondre”

J’ai passé une bonne partie de ma vie en expatriation et j’ai vécu dans des pays très différents, notamment en Chine, en Indonésie et au Japon. Et le plus grand enseignement que j’ai tiré de toutes ces années, c’est que les expatriés ne se distinguent pas par la couleur de leur peau, leur accent ou leur maîtrise d’une langue étrangère, mais par leur tendance à râler en dépit de leur situation généralement confortable.

Quand je vivais en Chine au début des années 2000, les doléances des expats allaient de la saleté des rues à la difficulté de se faire des amis chinois. L’inefficacité des prestataires de services, les embouteillages homériques et le fait de boucher les toilettes en y jetant le PQ comptaient parmi les jérémiades incontournables.

En ce qui me concerne, j’ai trouvé que la Chine était un très beau pays, où les services étaient remarquablement efficaces, la nourriture généralement succulente, et la population honnête et curieuse, ce qui était tout à fait agréable. L’obligation de jeter le PQ dans une poubelle prévue à cet effet et non dans les toilettes était loin d’être un prix fort à payer.

Pourtant, à mon départ de Pékin pour Bruxelles en 2009, j’étais animée d’un empressement optimiste. Tout serait beaucoup plus facile, m’avaient affirmé mes amis européens, car là-bas tout fonctionnait , et notamment les WC. Tout coûtait peut-être plus cher, mais la qualité était au rendez-vous. Les Européens n’avaient qu’une parole, et on ne subissait ni les mensonges ni les arnaques indissociables de la volonté de faire fortune rapidement en Chine. Les gens faisaient la queue aux arrêts de bus et ne crachaient pas dans la rue.

Pendant mes trois ans en Belgique, j’ai constamment couru après les plombiers et j’étais systématiquement la proie des pickpockets, mais j’ai aussi fréquenté des expats (généralement des Européens qui travaillaient pour l’UE). Eux aussi ne se lassaient pas de râler. Bruxelles, grommelaient-ils, était moche et sale. Personne ne ramassait les crottes de son chien dans la rue, qui en étaient donc recouvertes. Il y avait des graffitis sur les murs et la ville était envahie par les voleurs. Le trafic était abominable. Les Belges étaient corrompus et fainéants.

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