Européennes: le RN dépasse les 30% d'intentions de vote et creuse encore l'écart avec la majorité

Si la majorité durcit le ton contre le Rassemblement national, en ciblant notamment son rapport à la Russie, cela ne semble pas avoir d'effets auprès des électeurs. Du moins, à l'heure où nous écrivons ces lignes.

À un peu moins de trois mois des élections européennes, le parti d'extrême droite creuse encore l'écart avec la majorité présidentielle, selon un sondage mené auprès de 12.000 personnes par Ipsos, le Cevipof, l'Institut Montaigne, la Fondation Jean-Jaurès et publié lundi 12 mars dans Le Monde.

Une plus grande certitude de vote pour Bardella

Environ 31% des Français annoncent vouloir voter pour la liste de Jordan Bardella (1,3 point de marge d'erreur), en hausse de trois points par rapport à la précédente vague, en novembre. En retrait de 2 points, à 18% (1 point de marge d'erreur), la liste portée par Valérie Hayer (tête de liste du camp présidentiel) se place en deuxième position.

À noter que Jordan Bardella bénéficie également d'une plus grande certitude de vote de ses électeurs: 83% d'entre eux sont sûrs de lui apporter leur suffrage le 9 juin. En comparaison, 70% des personnes ayant l'intention de voter pour Valérie Hayer disent que leur choix de vote est définitif.

Suivent les listes de Raphaël Glucksmann (PS, Place publique), avec 11,5% des intentions de vote (+1 point), et de Marie Toussaint (Écologistes) avec 8,5% d'intentions de votes (-1 point).

Une forte abstention

Ce vaste sondage, mené du 1er au 6 mars auprès de 11.770 personnes inscrites sur les listes électorales et majeures, montre également une proportion de 42 à 46% seulement ayant l'intention d'aller voter le 9 juin. Lors du précédent scrutin en 2019, 50,1% des Français s'étaient déplacés.

Pour autant, l'attrait pour les élections augmente: les personnes les plus intéressées passent de 46% en novembre à 56% en mars. Parallèlement, les moins intéressées par le scrutin reculent de 23% à 18%.

Renaissance, "parti bourgeois et âgé"

Dans un autre article du Monde, publié ce mardi 12 mars, le directeur général de la Fondation Jean Jaurès souligne que la "majorité a disparu dans la jeunesse", et cela "en dépit de la nomination de Gabriel Attal (34 ans) comme Premier ministre". Dans le détail, le camp présidentiel rassemble 4% d'intention de vote chez les 18-24 ans contre 29% chez les plus de 70", précise Gilles Finchelstein, soulignant qu'"aucun parti ne présente un tel écart."

Et de relever un "chiffre édifiant": "sur 100 électeurs de la majorité, les deux tiers ont aujourd’hui plus de 60 ans". Gilles Finchelstein analyse également une marginalisation de la majorité "dans le salariat en dépit de la priorité donnée à l’emploi depuis l’élection d’Emmanuel Macron".

Plus généralement, depuis les dernières élections européennes (2019), "tout se passe comme s’il y avait une rétraction du macronisme sur son cœur quand il parvenait précédemment à rayonner au-delà", écrit-il, avant de prendre "deux exemples": "on a assisté, entre mars 2019 et mars 2024, à un recul de 16 points chez les 18-24 ans ou de 10 points chez les salariés du privé".

"D’original parti central attrape-tout, Renaissance est devenue un classique parti bourgeois et âgé de centre droit – un peu à l’instar de l’UDF des années 1980 – l’Union pour la démocratie française, le parti de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing – , l’implantation locale en moins", conclut Gilles Finchelstein.

Article original publié sur BFMTV.com