Européennes: Marie Toussaint, une spécialiste de la justice climatique, devient tête de liste écologiste

L'eurodéputée qui a incarné "L'affaire du siècle" en poursuivant l'État français devant la justice pour "inaction climatique" représentera Europe-Écologie-Les-Verts lors des élections européennes en 2024. Marie Toussaint a déjà commencé à viser Emmanuel Macron.

Un visage méconnu des Français, mais bien identifié des militants climatiques pour porter le message des écologistes. Les adhérents d'Europe-Écologie-Les-Verts ont désigné ce lundi matin Marie Toussaint comme tête de liste aux élections européennes. Si le scrutin n'aura lieu qu'en juin 2024, le parcours de celle qui est déjà députée européenne a tout du symbole.

En compétition face à David Cormand, un temps patron du mouvement et au "parcours d'apparatchik" comme il le revendique lui-même, la jeune femme de 36 ans l'a largement emporté avec 59,5% des voix dans ce scrutin interne.

Lutte contre la déforestation et procès contre l'État

Spécialiste du droit de l'environnement, Marie Toussaint a gagné en notoriété (relative) avec "l'Affaire du siècle", une campagne pour dénoncer "l'inaction climatique" du gouvernement dans le contexte de l'accélération du réchauffement de la planète. La pétition a récolté plus de 2 millions de signatures, une première en France.

Née à Lille, celle qui est née de parents très engagés au sein de l'association de lutte contre la pauvreté ATD Quart Monde, devient à 24 ans la patronne des jeunes écologistes. En parallèle, la militante s'engage contre la déforestation en Équateur et au sein de l'association End ecocide on earth ("En finir avec les écocides sur Terre" en français).

En 2015, cette adepte des randonnées dans les Hautes-Pyrénées lance sa propre association, Notre affaire à tous, qui portera ensuite "L'affaire du siècle", avec une conviction : celle que le droit est un outil très puissant pour faire avancer la cause du climat. Et une victoire à son actif : en 2021, le tribunal administratif demande au gouvernement de "réparer le préjudice écologique" dont il est jugé responsable.

Macron dans le viseur

Quelques mois plus tard, la justice ordonne encore au Premier ministre d'alors Jean Castex de prendre "toutes les mesures utiles" pour réparer les atteintes à l'environnement.

"La mère des batailles, c'est de réencastrer l'économie dans les limites planétaires", a avancé la trentenaire auprès des journalistes après l'annonce de son intronisation.

De quoi la pousser à taper frontalement sur Emmanuel Macron, d'autant plus que Renaissance est en tête des premiers sondages publiés sur les élections européennes.

"Il n'est pas question de faire je ne sais quelle pause environnementale réglementaire", a encore fait savoir l'eurodéputée, en réponse au chef de l'État qui avançait en mai dernier "ne pas vouloir de nouveaux changements de règles" au sujet de la lutte contre le réchauffement climatique.

Faire mieux que Jadot

C'est que Marie Toussaint a une vraie pression sur les épaules: celle de permettre à EELV qui a historiquement toujours fait d'excellents scores aux Européennes, de dépasser le chiffre atteint en 2019 lors de ces dernières élections. La tête de liste de l'époque Yannick Jadot avait alors obtenu 13,47% des voix, lui permettant de se hisser à la troisième place, très loin devant son piteux score de la présidentielle (4,63%).

Soucieuse d'éloigner les divergences qui rôdent autour de la gauche, la cheffe de liste a déjà cherché à calmer le jeu. "On peut diverger sans se déchirer", a ainsi expliqué l'écologiste, appelant à "refuser la guerre des gauches". La France insoumise aurait pourtant souhaité une candidature unique à l'instar de la Nupes à l'Assemblée nationale.

Le mouvement n'est pas le premier à se lancer seul dans la bataille des Européennes à gauche. Les communistes ont déjà désigné Léon Deffontaines, un très proche de Fabien Roussel, comme tête de liste aux Européennes début juillet.

Article original publié sur BFMTV.com

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