Européennes : les eurodéputés têtes de liste ont-ils été assidus durant leur mandat ?

Valérie Hayer (Renaissance), Manon Aubry (LFI), Raphaël Glucksmann (PS−Place Publique), Jordan Bardella (RN) et Marie Toussaint (EELV)
AFP Valérie Hayer (Renaissance), Manon Aubry (LFI), Raphaël Glucksmann (PS−Place Publique), Jordan Bardella (RN) et Marie Toussaint (EELV)

POLITIQUE - « Il n’y a pas d’outil permettant de faire un classement clair sur l’assiduité des députés européens. En revanche, il y a beaucoup d’indices sur l’effectivité de leur travail ». Auprès du HuffPost, une petite main du Parlement européen en convient : l’étude de l’activité des députés européens sur le mandat écoulé ne relève pas d’une science exacte. Pour autant, de nombreux éléments publics permettent de se faire une idée plutôt précise.

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Raison pour laquelle le caractère famélique du bilan de Jordan Bardella au Parlement européen ne souffre d’aucune contestation possible. Pour avoir une vue d’ensemble, il faut se rendre sur le site de l’institution, et naviguer sur les pages des eurodéputés sortants désignés têtes de liste aux élections européennes.

Commissions, sous-commissions, délégations…

Sur celle du candidat RN, on observe par exemple qu’il n’est membre d’une seule commission : celle (très secondaire) liée aux pétitions. Même opération concernant l’insoumise Manon Aubry. Là, la rubrique « membre » est bien plus fournie. L’eurodéputée insoumise siège à la Conférence des présidents, à la Commission des affaires économiques et monétaires, à la Commission des affaires juridiques et à la Sous-commission des affaires fiscales. Le signe d’une activité bien plus riche que celle de la tête de liste RN, ce qui se retrouve par ailleurs chez les autres têtes de liste.

Valérie Hayer siège dans deux commissions et cinq délégations, en plus de son activité au sein de la Conférence des présidents. Raphaël Glucksmann est quant à lui vice-président de la sous-commission Droits de l’Homme et membre des stratégiques Commission des affaires étrangères et Commission du commerce international, en plus d’être suppléant à la sous-commission « sécurité et défense » du Parlement européen. L’écologiste Marie Toussaint affiche également un score élevé en la matière, siégeant à la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie et à la Commission des affaires juridiques puis, en tant que suppléante, à la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.

Ci-dessous, un aperçu de la situation, sachant que l’appartenance à une commission ne veut pas dire que l’on y siège assidûment, ni même que celle-ci revêt une importance pour l’UE. Comme le montrent les registres de votes de la commission pétition, Jordan Bardella a participé à moins de la moitié des délibérations de cette instance, laquelle se réunit bien moins souvent que les autres commissions plus stratégiques.

Autre marqueur de l’activité parlementaire, la participation à des rapports. Et là encore, tous ne font pas jeu égal. Le plus mauvais élève en la matière est (encore) Jordan Bardella. L’eurodéputé RN n’a participé, et en tant que « rapporteur fictif » (c’est-à-dire cosignataire), qu’à un seul rapport en cinq ans de mandat. On est très loin de Manon Aubry, qui compte cinq rapports en qualité de rapporteure, et dix en tant que cosignataire. Valérie Hayer fait plus, avec 12 rapports en tant que rapporteure, et cinq en simple participation.

Raphaël Glucksmann, qui a occupé le poste de président de la Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, compte quant à lui cinq rapports en tant que rapporteur fictif. Marie Toussaint affiche quant à elle trois rapports en tant que rapporteure et dix en tant que cosignataires.

À ces indicateurs, on peut ajouter les présences et participation en séance plénière. Sur le site assistEU, on peut mesurer le taux de participation des eurodéputés en hémicycle. S’il s’agit d’un chiffre brut qui ne renseigne pas sur la qualité de l’activité des têtes de liste, on peut toutefois constater que toutes se sont montrées plus ou moins assidues dans l’exercice. Là encore, Jordan Bardella arrive (sur le fil, certes) en queue de peloton, comme le montre le graphique ci-dessous.

Les classifications méthodologiques

Enfin, on peut ajouter à ces critères des classifications faites par des organes en pointe dans le suivi des affaires parlementaires. Le site Projet Arcadie a par exemple mis au point une méthode permettant de noter les eurodéputés. Selon ce calcul, Jordan Bardella obtient la note de 11/20. Soit deux points de moins que Raphaël Glucksmann, avec 13/20. Marie Toussaint affiche quant à elle un score de 14/20, derrière Valérie Hayer et ses 16/20, à égalité avec Manon Aubry.

Pour se faire une idée, on peut aussi jeter un coup d’œil du côté du classement réalisé par l’agence de communication BCW, qui mesure effectivement l’influence des eurodéputés. Si le volet « influence publique » n’est pas très parlant, puisqu’il porte quasi exclusivement sur la notoriété des eurodéputés examinés, celui sur « l’influence parlementaire » permet d’avoir un aperçu de l’apport d’un élu au sein du Parlement européen.

Parmi les têtes de liste, c’est Manon Aubry qui est la mieux placée, avec un score de 58.62 points. L’insoumise est suivie par Valérie Hayer, qui affiche une note de 49.09. Non loin en troisième position, on trouve Marie Toussaint avec ses 41.33 points d’influence parlementaire, puis le socialiste Raphaël Glucksmann, avec une référence de 37.48. Quant à Jordan Bardella, il arrive (très) loin derrière. Avec une note de 16.19, le candidat RN s’écroule à la 657e place sur les 705 eurodéputés que compte le Parlement européen.

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