Eurodéputé agressé en Allemagne: trois autres suspects identifiés

Une affiche électorale de l'eurodéputé allemand du parti social-démocrate (SPD) au pouvoir, Matthias Ecke, le 4 mai 2024 à Dresde, dans l'est de l'Allemagne (JENS SCHLUETER)
Une affiche électorale de l'eurodéputé allemand du parti social-démocrate (SPD) au pouvoir, Matthias Ecke, le 4 mai 2024 à Dresde, dans l'est de l'Allemagne (JENS SCHLUETER)

Trois jeunes gens soupçonnés d'être impliqués dans l'agression violente en Allemagne d'un eurodéputé social-démocrate ont été identifiés et laissés à ce stade en liberté, ont annoncé lundi les autorités, après les aveux d'un premier suspect.

"La police considère qu'au moins un des suspects se classe à l'extrême droite", a déclaré à l'AFP le parquet de Dresde, qui a souligné que le mobile de l'agression elle-même restait encore à déterminer par l'enquête.

Tête de liste du SPD dans la région de Saxe (est) pour les élections européennes, Matthias Ecke a été violemment agressé par quatre inconnus dans une rue de Dresde vendredi soir alors qu'il collait des affiches, provoquant une vague d'indignation dans le pays.

S'exprimant pour la première fois depuis cette attaque, l'élu de 41 ans s'est dit lundi "bouleversé", dans un message sur X, par la "sympathie et la solidarité" à son égard depuis deux jours.

Un adolescent de 17 ans s'est rendu dimanche aux autorités, affirmant être l'auteur des coups.

L'enquête "a permis de désigner deux autres prévenus" et un "quatrième suspect a également pu être identifié dimanche", ont annoncé le parquet de Dresde et la police judiciaire de Saxe.

Leurs domiciles ont été perquisitionnés, "des preuves ont été saisies et sont en train d'être analysées", ont ajouté les deux autorités.

Les quatre suspects sont des "jeunes hommes de nationalité allemande, âgés de 17 ou 18 ans", précisent-elles encore.

- "Escalade" -

Leur degré d'implication dans les faits reste à déterminer. Les suspects ont à ce stade été laissés en liberté.

Cette agression intervient dans un contexte de hausse de la violence envers les représentants politiques en Allemagne, contre laquelle le gouvernement dit vouloir agir.

"Il est urgent de renforcer la protection des forces démocratiques dans notre pays", a déclaré lundi le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Maximilian Kall. Une réunion se tiendra mardi sur le sujet entre la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser et ses homologues régionaux.

"Nous assistons à une nouvelle dimension de violence antidémocratique" a dénoncé le ministère, parlant d'une "escalade".

Il juge nécessaire une protection accrue des partis à l'approche des élections européennes de juin, ainsi que des trois élections régionales clés qui se tiendront en Allemagne en septembre et au cours desquelles l'extrême droite devrait obtenir de bons résultats.

Samedi, le chancelier allemand Olaf Scholz avait condamné l'agression de M. Ecke, membre de son parti, assurant que les attaques contre les élus "menaçaient" la démocratie.

Matthias Ecke a été opéré de plusieurs fractures au visage. Son message sur X s'accompagne d'une photo où il apparaît avec l'oeil gauche tuméfié. "Dans une démocratie, personne ne doit avoir peur de dire ce qu'il pense !", écrit-il encore.

"Le processus de convalescence sera long", avait indiqué plus tôt le secrétaire général du SPD, Kevin Kühnert. L'eurodéputé est "déterminé à reprendre la campagne électorale", a-t-il précisé.

Juste avant cette agression, un homme de 28 ans collant des affiches pour le parti des Verts, dans la même rue, avait lui aussi été frappé "à coups de poing et de pied", selon la police, qui soupçonne le même groupe d'agresseurs.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Berlin et Dresde contre ces violences.

Selon des chiffres provisoires de la police, 2.790 délits ont été commis en 2023 sur des représentants politiques en Allemagne contre 1.806 l'année précédente, mais 2.840 en 2021, année d'élections législatives.

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