Essai nouvelle Toyota Prius : les lois du physique

Ne vous moquez pas de son physique délibérément intriguant, c'est l'un des ingrédients du succès de la Toyota Prius. La reine des hybrides passe à la quatrième génération.

Ne vous moquez pas de son physique délibérément intriguant, c'est l'un des ingrédients du succès de la Toyota Prius. La reine des hybrides passe à la quatrième génération.

Si aujourd'hui la plupart des constructeurs automobiles proposent au moins un modèle hybride au sein de leur gamme, c'est sans doute grâce au succès rencontré par la Toyota Prius dès son introduction sur le marché en 1997. Pionnière de la technologie hybride vendue en série, cette Prius a vite trouvé sa clientèle y compris dans des cercles généralement étrangers à ce genre de modèle grand public : quel est le point commun entre Leonardo di Caprio, Jessica Alba, Natalie Portman, Jennifer Aniston ou Miley Cyrus ? Ils possèdent tous une Toyota Prius dans leur garage, comme 3,5 autres millions de clients dans le monde. Certes, ces stars hollywoodiennes préfèrent souvent prendre leur Range Rover pour sortir de Beverly Hills. Mais le physique très particulier de la Japonaise, qu'on identifie tout de suite comme une automobile propulsée par une énergie dite "alternative", tape dans l'oeil des people à la fibre écolo. Et plus généralement, de tous les idéalistes.

Sur le plan technologique, cette Toyota Prius reste pourtant beaucoup plus simple que les récentes hybrides rechargeables lancées par Mercedes, Volkswagen ou BMW. La nouvelle Prius de quatrième génération conserve la même formule que ses prédécesseurs, à savoir un petit moteur essence associé à un moteur électrique servant de béquille, pour développer une puissance totale similaire à une compacte familiale classique. Avec 122 chevaux, cette nouvelle Prius se montre d'ailleurs moins puissante que le précédent modèle, et la distance maximale parcourue en "tout électrique" ne change pas : entre 2 et 3 kilomètres maximum, loin des dizaines de kilomètres "zéro-émissions" dont sont capables les nouvelles hybrides "plug-in" du marché. Le moteur électrique recharge toujours ses batteries sur les phases de décélération et de freinage.



Différente à regarder...

Cette nouvelle Prius défie tous les codes stylistiques classiques du genre automobile, que ce soit dans les proportions ou le détail. C'est certain, elle ne remportera jamais de concours d'élégance. Outre l'objectif d'obtenir une silhouette très aérodynamique (Cx de 0,24), les designers voulaient probablement que cette Prius reste un concept automobile à part entière, un moyen de crier son amour des énergies alternatives et son engagement écologique. L'habitacle donne lui aussi dans le dépaysement avec une planche de bord futuriste et une commande de boîte très particulière, malheureusement la finition et la qualité d'assemblage ne brillent pas par leur perfection. Il y a en tout cas beaucoup d'espace à l'avant comme à l'arrière dans ce véhicule à cinq places, seule la garde au toit posera quelques problèmes aux passagers arrière mesurant plus d'un mètre 85. A noter que le coffre peut embarquer jusqu'à 502 litres de bagages, c'est mieux qu'une compacte familiale classique comme la Volkswagen Golf ou la Renault Megane.



...Et beaucoup mieux à conduire

Hybride oblige, il n'y a aucun bruit de moteur lorsque vous démarrez à chaud. Les premiers mètres dans cette nouvelle Prius vous rappellent à quel point ce genre de technologie excelle en milieu urbain. Même si le moteur électrique fonctionne la plupart du temps de concert avec le bloc thermique de 98 chevaux, il n'y a absolument aucune nuisance sonore en mouvement à rythme tranquille. Lorsque vous roulez paisiblement en ville, seul un léger bruit de friction électrique remonte dans l'habitacle. Le groupe motopropulseur se fait littéralement oublier et cette nouvelle Prius impressionne par sa douceur d'utilisation extraordinaire. Aucune familiale compacte du marché à boîte automatique ne peut rivaliser. Le bruit moteur augmente inévitablement lorsque vous accélérez plus franchement, et le quatre cylindres thermique grimpe à haut régime dès que vous écrasez la pédale de la droite. Mais même là, il y a moins de nuisances sonores à bord qu'avant.

Pour découvrir les plus grosses surprises de cette nouvelle Prius, il faut sortir de la ville. Avec seulement 122 chevaux, on s'attendait à une auto trop peu puissante pour une véritable utilisation polyvalente. On se trompait en grande partie : les reprises sont d'un niveau suffisant même lorsqu'il faut s'insérer à la hussarde sur l'autoroute, et le comportement de l'auto ne se dégrade pas lorsque vous quittez les grands axes pour vous retrouver sur une route d'arrière-pays. Certes, les pneus à basse consommation n'assurent pas un haut niveau de grip en virage mais cette Prius 4 a énormément progressé sur le plan dynamique. A tous les niveaux : la direction offre un ressenti plus précis et informatif, la réactivité du groupe motopropulseur étonne et le châssis se montre même volontaire et agile lorsque vous jetez la berline dans les courbes serrées de notre parcours d'essai. Très progressive et pas si paresseuse en conduite sportive, la Prius se montrerait presque amusante à malmener sur une route de montagne ! Et tout ça pour une consommation qui dépasse à peine les 6 litres aux 100 lorsque vous la cravachez, avant de se stabiliser à peine au-dessus des 5 litres sur un trajet extra-urbain normal. Vous l'aurez compris, ce nouveau modèle nous a quelque peu surpris. Premier modèle du groupe Toyota à utiliser la nouvelle plateforme modulaire, conçue pour tous les futurs modèles compacts Toyota et Lexus, la Prius 4 est une bien meilleure voiture à conduire que la Prius 3.



Le prix de l'engagement

Relativisons quand même ces qualités dynamiques surprenantes en étudiant la grille des tarifs. Pour s'offrir une Prius 4, il faut débourser 30 400 euros au minimum ou 29 900 si vous vous contentez de jantes de 15 pouces. Soit à peu près 3000 euros de plus qu'une compacte familiale classique comme la Renault Megane, équipée d'un moteur diesel raisonnablement puissant et d'un bon niveau d'options. Comptez au minium 33 700 euros pour notre modèle d'essai en finition Lounge, proposant une dotation pléthorique. Et comme le bonus écologique réservé aux véhicules hybrides vient de passer de 2000 à 750 euros, cette nouvelle Prius se paye au final plus cher qu'une compacte à motorisation classique (à puissance et équipement équivalents). Certes, elle offre un confort d'utilisation imbattable en ville où sa consommation descend aussi bas qu'un tout petit moteur diesel. Mais avec un style aussi différenciant, elle s'adresse aussi à une forme de client passionné qui n'a rien de l'amateur "classique" d'automobile...

Toyota Prius 4

Moteur : Quatre cylindres essence + moteur électrique, 122 chevaux
0 à 100 km/h : 10,6 secondes
Vitesse de pointe : 180 km/h
Poids à vide : 1400 kilos
C02 : 70 g/km
Consommation annoncée : 3,0 litres aux 100 km/h (relevée : 5,4 litres/100 kilomètres)
Prix : à partir de 29 900 euros