En Espagne, la corrida investit l’arène politique

A Bilbao, en Espagne, en octobre 2022.   - Credit:Jean-François Fort/Hans Lucas via AFP
A Bilbao, en Espagne, en octobre 2022. - Credit:Jean-François Fort/Hans Lucas via AFP

La tauromachie fait-elle intrinsèquement partie de l'identité espagnole ou bien est-elle une pratique anachronique et cruelle, qu'il convient d'extirper ? Le monde de la corrida a beau tenter de ne pas entrer dans ce débat, l'actualité est venue le rattraper et le confronter de nouveau aux menaces qui pèsent sur lui avec acuité depuis une bonne décennie.

En février, le Tribunal suprême a conclu que la corrida est « un bien immatériel du patrimoine espagnol », à la suite d'une plainte de la Fondation Toro de Lidia, qui défend les intérêts de ce spectacle dans le pays qui l'a vu naître. Cette dernière réagissait ainsi à la décision du ministère de la Culture d'exclure tout spectacle taurin du « chèque culture pour la jeunesse », une carte permettant à toute personne qui souffle ses 18 bougies de bénéficier, au cours de cette année, d'activités culturelles – cinéma, musique, théâtre, livres, etc. – pour une valeur de 400 euros.

Le ministre de la Culture Miquel Iceta se trouve désormais dans un profond embarras et est confronté à un dilemme : obéir aux juges ou trouver une astuce pour contourner leur injonction et faire en sorte que les événements taurins ne soient pas inclus dans ce « chèque ».

Le ministre socialiste fait partie d'un gouvernement de coalition de gauche, dans lequel Unidas Podemos – l'équivalent local de LFI – vomit la tauromachie et fait pression pour qu'elle soit définitivement abolie en vertu de son slogan maintes fois répété : « Torture n'est [...] Lire la suite