Enquête en destitution des républicains contre Biden : pourquoi elle n’a aucune chance d’aboutir

Enquête en destitution des républicains contre Biden : pourquoi elle n’a aucune chance d’aboutir (Photo de Joe Biden prise le 10 septembre 2023)
SAUL LOEB / AFP

ETATS-UNIS - Le chef républicain de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy, a annoncé ce mardi 12 septembre lancer une enquête en destitution du président Joe Biden sur les affaires controversées de son fils à l’étranger.

« Je demande à une commission de la Chambre d’ouvrir une enquête formelle en destitution », a déclaré le ténor républicain du Congrès estimant que le dirigeant démocrate avait « menti » au peuple américain.

La Maison Blanche a immédiatement dénoncé cette enquête, lancée à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2024, accusant les républicains de recourir à la « pire des manoeuvres politiciennes extrêmes ».

« Culture de corruption »

La Constitution américaine prévoit que le Congrès peut destituer le président en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ». Les républicains de la Chambre des représentants, majoritaires depuis janvier, instruisent une série d’enquêtes parlementaires sur les affaires du fils cadet de Joe Biden.

Ces élus ont « identifié des allégations sérieuses et crédibles sur la conduite du président Biden », a assuré Kevin McCarthy, accusant le démocrate d’alimenter une « culture de la corruption ». « Le président Biden a menti au peuple américain sur ce qu’il savait des transactions commerciales de sa famille à l’étranger », a accusé le président de la Chambre des représentants.

« Les républicains de la Chambre ont enquêté sur le président pendant neuf mois et n’ont pas trouvé une seule preuve d’un acte répréhensible », a rétorqué Ian Sams, un porte-parole de la Maison Blanche sur le réseau social X, autrefois nommé Twitter.

Les démocrates majoritaires au Sénat, impasse pour les démocrates

Cette enquête n’a toutefois pour l’instant quasiment aucune chance d’aboutir à la destitution de Joe Biden, son parti étant majoritaire au Sénat. La chambre haute serait en effet appelée à juger le président s’il était inculpé par les élus.

Hunter Biden, ancien homme d’affaires de 53 ans, est devenu une cible privilégiée de la droite américaine. Les élus lui reprochent notamment d’avoir fait des affaires douteuses en Ukraine et en Chine alors que Joe Biden était vice-président de Barack Obama (2009-2017), en capitalisant sur le nom et les réseaux de son père.

Le président de 80 ans a toujours soutenu publiquement son fils, au passé semé d’addictions, également aux prises avec la justice, accusé de détention illégale d’arme à feu.

Un exercice purement partisan

L’ouverture d’une procédure de destitution est réclamée depuis des mois par l’aile trumpiste du parti républicain, avec laquelle le chef Kevin McCarthy a dû faire de nombreux compromis pour accéder au perchoir en janvier.

Plusieurs élus modérés du Parti républicain s’opposent toutefois à l’ouverture de cette enquête, de peur de transformer la procédure en exercice purement partisan.

Cette enquête sera pilotée par James Comer, chef de la commission d’enquête de la Chambre et Jim Jordan, à la tête de la commission judiciaire ; deux détracteurs de Joe Biden.

« Sur la base des preuves à notre disposition, nous soutenons l’ouverture d’une enquête de destitution », ont déclaré ces alliés de Kevin McCarthy dans un communiqué commun.

Occulter les démêlés judiciaires de Trump

Les démocrates répondent eux que ces efforts de la droite ne sont que des paravents servant à occulter les démêlés judiciaires qui s’accumulent pour Donald Trump. L’ancien président de 77 ans, qui pourrait à nouveau affronter Joe Biden en novembre 2024, a été inculpé quatre fois en moins de six mois.

« Il n’y a aucune preuve dans ce dossier, juste un ordre lancé par Trump pour destituer » son rival politique, a dénoncé l’élue démocrate Debbie Wasserman Schultz.

Jamais un président n’a été destitué dans l’histoire américaine. Trois ont été mis en accusation : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et en 2021. Mais tous ont été finalement acquittés.

Richard Nixon a préféré démissionner en 1974 pour éviter une destitution certaine par le Congrès en raison du scandale du Watergate.

A voir également sur Le HuffPost :

Assaut du capitole : 22 ans de prison pour un leader d’extrême droite, la plus lourde peine dans cette affaire

Donald Trump plaide non coupable en Géorgie, où il est accusé d’avoir manipulé les résultats en 2020