Engrais : l'avenir de l'agriculture passe par l'urine

L'autorisation de mise sur le marché français du premier engrais à base d'urine humaine donne le feu vert à une industrialisation de cette pratique. Au moins 20 % des engrais chimiques pourraient être économisés en France grâce à une collecte généralisée du liquide organique.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°914, daté avril 2023.

Ce printemps, quelques agriculteurs français vont disperser de l'urine dans leurs champs ! Pour le bien de l'humanité. Car le poids environnemental, économique et sociétal du traitement actuel des excreta humains s'alourdit. Le coût de leur élimination par la chasse d'eau, les égouts, la station d'épuration ne cesse d'augmenter tandis que les rejets en nitrate et en phosphore menacent depuis des décennies l'équilibre écologique des rivières. Aussi, l'autorisation de mise sur le marché français du premier engrais à base d'urine humaine, accordée en octobre 2022 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), fait partie de ces décisions qui paraissent anecdotiques au premier abord, mais engagent en réalité l'avenir d'un pays tout entier tant elle implique de changements majeurs dans la gestion des villes, la mutation de l'agriculture, la lutte contre le changement climatique.

C'est en tout cas la conviction profonde de Michaël Roes, le fondateur de Toopi Organics, la start-up de Loupiac-de-la-Réole (Gironde), que le feu vert de l'Anses va transformer en industriel de l'engrais. À l'origine de la démarche, la conscience profonde du formidable gaspillage d'un nutriment essentiel aux plantes : le phosphore. "Nos recherches portaient sur les biostimulants à base de végétaux produits à partir de la bactérie Lactobacillus paracasei, intéressante pour son effet de stimulation des plantes, détaille Michael Roes. Nous nous sommes aperçus qu'associée à l'urine, cette bactérie améliorait l'assimilation du phosphore des sols par les végétaux. " Le liquide organique est d'abord stabilisé et "hygiénisé" puis passé dans des biofermenteurs qui assurent la multiplication bactérienne. Les essais menés en plein champ sur des cultures comme le blé ont démontré une croissance robuste des plantules malgré une diminution forte des engrais chimiques. L'Anses, mais aussi cinq autres pays europé[...]

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