"Il y avait des endroits où la peau partait": brûlée au 2e degré lors d'une épilation, elle témoigne sur BFMTV

Une photo de la jambe d'Élise prise après une séance d'épilation lumière pulsée - BFMTV
Une photo de la jambe d'Élise prise après une séance d'épilation lumière pulsée - BFMTV

"La peau a commencé à cloquer". Plusieurs femmes accusent Dépil Tech, une entreprise pratiquant l'épilation définitive, de leur avoir brûlé des parties du corps lors de séances d'épilation à la lumière pulsée. Une dizaine de clientes ont décidé de porter plainte contre l'enseigne.

Élise fait partie des plaignantes et raconte à BFMTV avoir été brûlée au 2e degré après s'être rendue dans un salon d'Angers (Maine-et-Loire), pour une séance d'épilation à la lumière pulsée.

"Je ne supportais rien sur ma peau"

En en sortant, "ça me brulait vraiment beaucoup, j'avais quand même la référence des séances d'avant où j'avais cette sensation de brûlure, mais pas à ce point-là", explique-t-elle à notre antenne.

"Le pire ce n'était pas le premier jour mais après, quand la peau a commencé à cloquer, à partir, que je ne supportais rien sur ma peau."

Dans une réponse à BFMTV, la société Dépil Tech assure que le centre dans lequel s'est rendue Élise "a pris en charge cette dame et a proposé une prise en charge matérielle et pécuniaire sous moins d’une semaine", et qu'au "siège, nous sommes tout disposés à examiner ce cas et à compléter la prise en charge s’il le faut".

Ce n'est pas la première cliente à se plaindre de brûlures après être passée par une épilation à la lumière pulsée chez Dépil Tech. "Le contact de l'eau sous la douche, le contact des draps la nuit, ça me faisait pleurer tellement j'avais mal alors que je ne suis pas douillette", racontait la semaine dernière à RMC Aline. "J'ai des tâches derrière les mollets qui m'ont créé un réel complexe, donc oui, je n'aurai plus de poils mais je ne veux plus montrer mes jambes. Psychologiquement, je suis vraiment touchée".

Parmi les membres du groupe Facebook "Depil Tech Arnaques !!!!", composé de plus de 4000 membres, plusieurs femmes se plaignent elles aussi de brûlures.

"Une destruction de l'épiderme"

Avec l'épilation par lumière pulsée - une épilation qui se veut définitive, et dont chaque séance peut couter plusieurs centaines d'euros - "la lumière émise par l’appareil cible la mélanine présente dans le follicule pileux", et le brûle, explique l'Anses (Agence de sécurité sanitaire). La peau est censée être épargnée dans le processus, qui peut se répèter 6 à 8 fois sur plusieurs mois.

Dans le cas d'Élise, il semble que c'est son bronzage qui a entraîné la réaction de brûlures. "La patiente a présenté un bronzage qui n'a pas été détecté par la personne qui l'a traité", explique à BFMTV Thierry Fusade, dermatologue, "donc cela provoque une épidermolyse, c'est à dire une destruction de l'épiderme qui contient le bronzage, le pigment."

L'Anses souligne ainsi parmi les contre-indications à la lumière pulsée, le fait d'avoir été "exposé avant ou après l’épilation, aux UV naturels ou artificiels. En cas d’exposition précédant l’épilation, celle-ci ne devra pas être pratiquée avant un retour à la couleur naturelle de la peau".

Dépil Tech déclare auprès de notre antenne que "chaque client s’engage, lors d’un rendez-vous de plus d’une heure avant souscription, à respecter plusieurs contre-indications", et qu'il est donné un document sur lequel elles sont rappelées. "Ainsi chaque client sait sans conteste que l’absence de soleil avant séance est primordiale; nos flash test avant chaque séance détectent la prise de soleil, mais ne peuvent éliminer totalement le risque".

"Pas suffisamment de formation de ce personnel"

Pour maître Emma Leoty, le problème est qu'à "l'heure actuelle, il n'y a pas suffisamment de formation de ce personnel, qui potentiellement n'utilise peut-être pas à bon escient les machines".

Une problématique déjà soulevée par l'Anses et le Conseil d'État, qui réclament un meilleur encadrement de cette pratique. "Nos praticiennes reçoivent toutes une formation validée par le corps médical, et ces formations sont régulières", répond Dépil Tech.

Dans une décision de 2019, ouvrant la pratique de l'épilation définitive à d'autres personnes qu'aux seuls médecins, le Conseil d'État demandait ainsi "d'encadrer ces pratiques d'épilation par des mesures de nature à garantir, dans le respect des règles du droit de l'Union européenne relatives au libre établissement et à la libre prestation de services, la protection de la santé publique."

Article original publié sur BFMTV.com