Yahoo Actualités Sous emprise sur Netflix : une plainte pour diffamation déposée contre le film sur l'apnée
Attention, spoilers. L’article suivant révèle des éléments clés de l’intrigue de “Sous emprise”.
Le film français Sous emprise, réalisé par David Rosenthal, est basé sur l’histoire vraie de Francisco “Pipin” Ferreras et de sa femme, Audrey Mestre, un couple célèbre dans le monde de la plongée en apnée, un sport extrême dans lequel les plongeurs descendent des dizaines de mètres sans oxygène. En 2002 cependant, Audrey Mestre s’est noyée alors qu’elle tentait de battre un record en République dominicaine : en effet, la bouteille d’air comprimé, contrôlée uniquement par Ferreras, servant à gonfler le ballon lui permettant de remonter à la surface était totalement vide et il était alors impossible pour elle de remonter rapidement à la surface.
Le film, lui, raconte l’histoire de “Pascal Gautier” et “Roxane Aubrey”, une version romancée du couple. Gautier, incarné par Sofiane Zermani, est dépeint comme abusif et jaloux du succès d’Aubrey, jouée par Camille Rowe, et sous-entend fortement qu’il aurait saboté son réservoir d’air comprimé. Sorti le 9 septembre 2022, Sous emprise a été pendant quelques semaines le film non anglais le plus populaire sur Netflix.
Comme rapporté par Variety, Francisco Ferreras a officiellement déposé une plainte pour diffamation mercredi, alléguant que le film le dépeint comme un meurtrier. Le long métrage montre également Gautier étouffant Aubrey pendant leurs rapports sexuels et les deux personnages se tromper, ce qui conduit à une confrontation juste avant le plongeon fatal.
“Je ne sais pas comment les gens peuvent faire quelque chose comme ça”, a déclaré Francisco Ferreras. “Ils ont manipulé l’histoire. Ils l’ont raconté comme ils voulaient. Cela m’a vraiment fait mal. Pendant que le film se déroulait, j’ai commencé à souffrir et à souffrir. Tout était très dérangeant. Imaginez – sans le savoir – que vous voyez un film qui parle de votre vie et de votre histoire avec votre défunte épouse et cela vous surprend.”
Depuis la sortie du long métrage, il dit avoir été bombardé de commentaires accusateurs sur les réseaux sociaux et poursuit : “Ils ont mis en scène Audrey comme si elle me trompait. C’était un ange.”
“INSPIRÉ D’ÉVÉNEMENTS RÉELS” ?
Si Sous emprise est dit aussi être “inspiré d’événements réels” et comprend une clause de non-responsabilité indiquant qu’il s’agit d’une “œuvre de fiction” et que toute ressemblance avec de vraies personnes est fortuite, à la fin du film toutefois, une photo d’Audrey Mestre est montrée, accompagnée d’un bref récit de sa mort.
Le scénariste-réalisateur, David Rosenthal, a déclaré à Variety dans une interview que le film avait été examiné par des avocats avant sa production et qu’il ne pense pas que Francisco Ferreras ait de quoi leur faire un procès.
“Il s’agit d’une fictionnalisation d’histoires qui étaient très connues du public – [cela va] des documentaires à de nombreux articles et livres à ce sujet”, a déclaré David Rosenthal. “Ce que j’ai écrit est de la fiction, avec des personnages fictifs... Je suis sûr qu’il essaie de gagner de l’argent ici en poursuivant Netflix.”
L’histoire du couple a en effet été racontée plusieurs fois et de plusieurs façons au cours des 20 dernières années. Un documentaire ESPN critiquait déjà Ferreras et soulevait des inquiétudes quant aux normes de sécurité en place au moment de la plongée fatale. L’ancien partenaire commercial de Ferreras, Carlos Serra, a également écrit un livre condamnant ce dernier et le tenant responsable de la mort d’Audrey Mestre.
UN PROJET AVEC JAMES CAMERON
Francisco Ferreras, lui, a toujours soutenu que la mort de sa femme était un accident tragique et s’est appuyé sur un rapport qui attribuait le dysfonctionnement à une série de facteurs techniques. Il a également écrit son propre livre : d’ailleurs, à un moment donné, il était question d’en faire un film et il travaillait alors avec James Cameron sur le projet dans lequel on aurait pu voir Jennifer Lawrence incarner Audrey Mestre. Francisco Ferreras chercherait aussi à sortir son propre documentaire sur le sujet.
Son avocat, Alexander Rufus-Isaacs, a déclaré dans un communiqué, que les créateurs de Sous emprise s’étaient livrés à une “diffamation claire et méprisable”.
“Les cinéastes ne peuvent pas faire un film sur une situation réelle et simplement changer certains noms et le déguiser en fiction afin d’échapper à toute responsabilité pour diffamation. Je suis étonné que les avocats des accusés ne leur aient pas fortement déconseillé de le faire. Je peux voir un jury accorder à Pipin un montant très important de dommages-intérêts.”
Netflix a refusé de commenter. L’affaire est donc à suivre.
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