Dans « Empire of Light », Sam Mendes met le cinéma en lumière (mais pas que)

CINÉMA - « Avec Steven Spielberg et Damien Chazelle, on s’est réunis dans une pièce et on s’est dit : ’Faisons un film personnel’». Sam Mendes plaisante, mais en voyant Empire of Light, en salles ce mercredi 1er mars, on ne peut s’empêcher de penser à The Fabelmans et Babylon, sorti ces dernières semaines. Les films qui parlent de cinéma ont la cote chez les réalisateurs, nostalgiques d’une époque où les salles ne désemplissaient pas.

Empire of Light raconte la vie d’un ancien complexe cinématographique dans une station balnéaire du sud de l’Angleterre. Sur fond de fauteuils rouges et de pop-corn démarre une histoire d’amour entre deux personnes que tout oppose. Hilary (Olivia Colman), la responsable de l’équipe, est une quinquagénaire souffrant de troubles bipolaires. Le nouvel employé, Stephen (Michael Ward), a 25 ans et est d’origine jamaïcaine.

Le film se déroule dans les années 80 mais aborde des problèmes toujours très actuels, comme la santé mentale, le racisme et la crise des cinémas, comme le montre la vidéo en tête d’article.

Pour écrire le scénario, qu’il a imaginé pendant le confinement, Sam Mendes s’est replongé dans ses souvenirs d’adolescence : « J’ai été frappé par toutes les choses dont on s’inquiétait pendant le COVID et qui existaient déjà à l’époque : la mort des cinémas, la justice raciale dans le monde, Black Lives Matter… On en parlait déjà quand j’étais jeune », explique le réalisateur au HuffPost.

« Et puis la santé mentale, ajoute-t-il. Il y a eu cette énorme vague de troubles de la santé mentale pendant le COVID. Et j’ai grandi avec ça ». Le personnage d’Hilary, interprété avec justesse par Olivia Colman, est inspiré de la propre mère de Sam Mendes, qui souffrait de troubles bipolaires.

Racisme d’hier et d’aujourd’hui

Les scènes de racisme dans le film rappellent, elles, que peu de choses ont changé en quarante ans. Dans un moment chargé en tension, un habitué du cinéma, M. Cooper, s’en prend à Stephen. Les autres employés sont mal à l’aise mais n’interviennent pas. Hilary laisse M. Cooper accéder à la salle et pense ensuite calmer Stephen en lui disant que ce n’est pas grave, « c’est juste un homme colérique ».

« Il y a un message sur la façon dont les gens, en particulier les Anglais, ont géré le racisme pendant tant d’années en essayant de prétendre que ça n’existait pas », développe Sam Mendes à propos de cette scène. « À moins d’être activement antiraciste, vous êtes de mèche avec M. Cooper. Il n’y a pas d’autre option que d’exiger qu’il parte ».

Pour le réalisateur, cette façon de détourner le regard existe encore aujourd’hui : « Je pense qu’essayer d’arranger ces situations, de cacher la poussière sous le tapis, c’est en partie pour ça que le racisme continue ».

Une ode nostalgique aux salles de cinéma

S’il aborde des sujets de sociétés sombres, Empire of Light est avant tout un hommage lumineux au cinéma, et particulièrement aux salles obscures. Sous la caméra du réalisateur, elles apparaissent comme un lieu sacré et un refuge à l’abri du monde réel.

Sam Mendes espère d’ailleurs que son film « rappellera aux gens la magie d’être dans une immense salle obscure et de voir un film qui peut changer votre vie, de s’abandonner à quelque chose, de s’y consacrer entièrement, sans distraction, pendant 2 heures ».

La sortie rapprochée d’Empire of light avec celle des films de Damien Chazelle et Steven Spielberg n’est pas une coïncidence à ses yeux. « Peut-être que c’est parce que ces films ont été imaginés pendant une période de réflexion [pendant le confinement] et nous avons tous ressenti la même chose, que le cinéma était précaire et que nous en avions peut-être vu la fin », suppose Sam Mendes. Mais pour en être sûr, « il faudra leur demander ».

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