Emmanuel Macron, en interview au JT de 13 heures sur TF1 et France 2, tire le bilan de ses 100 jours

POLITIQUE - Le 17 avril, lors d’une allocution télévisée quelques jours après la promulgation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron avait fixé un cap de « cent jours » et promis une prise de parole « autour du 14 juillet ». C’est ce lundi 24 juillet, à deux jours de l’échéance et dix jours après la fête nationale, que le président de la République s’est exprimé aux JT de 13 heures de TF1 et France 2, depuis Nouméa en Nouvelle-Calédonie où il entreprend un déplacement en Indo-Pacifique de cinq jours qui s’achèvera en Papouasie-Nouvelle-Guinée le 28 juillet.

Sur la forme, c’est dans un drôle de duplex, enregistré dans les conditions du direct, que le président a répondu aux questions des deux présentateurs, Jacques Legros pour TF1 et Nathanaël de Rincquesen pour France 2, chacun dans son studio, pendant une demi-heure (voir la vidéo en tête de cet article).

« Le pays tout entier a avancé »

En réponse à son allocution du 17 avril, le chef de l’État a tenu à mettre la réforme des retraites derrière lui : « On nous expliquait qu’il n’y aurait plus de déplacements possibles sans casserole, je n’ai cessé de me déplacer de Pérols à Vendôme (...), de Marseille jusqu’à Strasbourg », s’est-il félicité. « Durant ces cent jours, le gouvernement, le Parlement, le pays tout entier a avancé », a-t-il assuré, citant « des résultats sur le grand chantier du plein-emploi et de la réindustrialisation » ou se félicitant d’avoir pu « jeter les bases de la planification écologique ».

Une prise de parole en forme de bilan pour assurer le service après-vente de son action, comme les lois d’accélération des énergies renouvelables ou du nucléaire, la loi de programmation militaire, celle sur la justice pour « plus de moyens », ou le pacte enseignant pour des revalorisations – de base et sous conditions. À ce propos, Emmanuel Macron s’aventure sur une promesse : « il y aura un professeur devant chaque classe à la rentrée ».

Dès la cinquième minute de l’entretien, il reconnaît tout de même qu’« il y a eu des jours avec et parfois des jours sans », façon de ne pas minimiser la séquence qui s’est soldée par plusieurs jours d’émeutes après la mort de Nahel tué par un tir policier à Nanterre le 27 juin, la mort d’une infirmière dans l’exercice de ses fonctions le 22 mai ou l’attaque au couteau d’Annecy le 8 juin.

« L’ordre, l’ordre, l’ordre »

Tirant le bilan des émeutes de juin, le président promet « l’ordre, l’ordre, l’ordre », avec « un accompagnement des familles en difficulté », l’accueil de 8 heures à 18 heures dans les « collèges sensibles » ou encore « le retour de l’autorité à chaque niveau et d’abord dans la famille », réclamant une « responsabilisation » de ces dernières, sans vraiment préciser les contours de ce nouveau chantier. Faisant le constat que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans la propagation des violences urbaines, il plaide pour « un nouvel ordre numérique », ce qui suscite déjà de vives critiques dans l’opposition.

Sur le plan politique, comme une volonté de tourner la page d’une semaine calamiteuse pour un remaniement a minima accouché dans la douleur, il est intéressant de noter que le président n’a pas eu un mot pour cette nouvelle équipe. Il avait déjà laissé fuiter vendredi 21 juillet le début du conseil des ministres au cours duquel il demandait à ses ministres de « diriger les administrations » et de ne pas trop « parler dans le poste ». Une injonction perçue comme contradictoire par certains conseillers alors que les ministres jugés trop faibles politiquement comme Pap Ndiaye ont été écartés pour une équipe jugée plus politique.

Des promesses sur l’éducation et le climat

Sans jamais citer le nom d’Élisabeth Borne, Emmanuel Macron a justifié son maintien à Matignon par cette formule : « le gouvernement a avancé, décidé, fait passer des textes, ce qui justifie ce choix de la Première ministre ». Il a reconnu que la locataire de Matignon n’avait pas répondu à sa demande d’« élargir la majorité », formulée le 22 mars lors de sa dernière interview aux JT de 13 heures. « Il n’y a pas eu d’accord de gouvernement, mais la Première ministre a essayé » a décrit ce lundi 24 juillet Emmanuel Macon qui ne croit pas « aux coalitions » et se félicite « des majorités d’échange, texte par texte ». « Il y a eu plus de textes votés qu’à la même époque il y a cinq ans », a-t-il salué. À ce propos, il a redit son objectif de faire passer la loi immigration, reportée pour la troisième fois en un an pendant ces cent jours, en appelant aux oppositions « républicaines ».

« J’ai bon espoir que les oppositions républicaines, qui veulent (...) moins d’immigration clandestine, raccompagner mieux vers leur pays d’origine ceux qui n’ont rien à faire chez nous, et en particulier ceux qui (...) sont dangereux, et mieux intégrer ceux qui sont là et aident la Nation à réussir, (...) nous aident à bâtir un texte », a-t-il lancé, comme un ultime appel avant de pouvoir dégainer le 49-3 citant « la Constitution » et sa volonté d’« efficacité », mantra qui l’accompagne en cette période.

Enfin, il s’est projeté vers la rentrée pour avancer sur le volet de la crise climatique, promettant que ce secteur ne subirait pas de coupes budgétaires, mais « plusieurs milliards d’investissements ». « Après dix-huit mois de concertation, nous serons la première Nation à se donner les objectifs et les moyens secteur par secteur », a-t-il souligné, promettant des annonces à la fin de l’été sur ces réductions d’émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines « pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Une façon de clore l’année et d’enjamber l’été pour une rentrée qui s’annonce chargée dans tous les domaines.

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