Emmanuel Macron était-il contre la retraite au-delà de 62 ans, comme le montre une vidéo virale ?

Une vidéo d’Emmanuel Macron expliquant qu’il ne toucherait pas à l’âge légal du départ à la retraite fait le tour des réseaux sociaux. Il s’agit d’un discours d’avril dernier.

Alors que la colère sociale autour de la réforme des retraites se poursuit, une vidéo commence à faire du bruit sur les réseaux sociaux. Elle a notamment été relayée par le groupe Facebook de la CGT.

Il s’agit d’un extrait de conférence de presse d’Emmanuel Macron, diffusé par BFMTV. Sur les images, qui durent près d’1m30, le président de la République évoque la future réforme des retraites. La vidéo démarre lorsque le chef d’État pose une question rhétorique : “est-ce qu’il faut reculer l’âge légal, qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas”.

“Ce serait hypocrite”

Emmanuel Macron explique qu’il s’était d’ailleurs “engagé à ne pas le faire”. “C’est quand même mieux, sur un sujet aussi important, de faire ce qu’on a dit”, commente-t-il. Il assure aussi qu’il aspire à une réforme “plus large, plus profonde”.

Le président n’hésite pas à évoquer les difficultés de l’emploi chez les seniors : “vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent ‘les emplois, ce n’est plus bon pour vous’, c’est ça la réalité, c’est le combat qu’on mène, on doit d’abord gagner ce combat avant d’aller expliquer aux gens ‘mes bons amis, travaillez plus longtemps’ [...] ce serait hypocrite [...] on doit gagner la bataille du plein emploi”.

La vidéo diffusée sur Facebook s’achève ici. Elle est en fait bien plus longue puisqu’il s’agit d’un extrait de la conférence de presse donnée le 25 avril 2019, à l’issue du grand débat national, qui a duré près de 2h30 (le sujet est évoqué à partir d’1h25).

Une citation tronquée

L’extrait en question ne montre ainsi pas l’intégralité des propos du chef de l’État sur la future réforme. Pour introduire ce thème (avant le début de l’extrait vidéo), il annonce d’abord clairement : “on doit travailler plus longtemps parce qu’on vit plus longtemps”.

Si ensuite, dans la fameuse vidéo, Emmanuel Macron explique bien ne pas vouloir toucher à l’âge légal, dans la partie qui suit l’extrait diffusé sur Facebook, il assure qu’il faut tout de même allonger la durée de travail. C’est le “et en même temps” très cher au président de la République. Pour ce faire, il propose ainsi d’“allonger la durée de cotisation et laisser le libre choix”.

Il souhaite “regarder si on peut allonger la période de référence sans toucher l’âge légal”, et cite le rapport de Jean-Paul Delevoye : “le point d’équilibre de notre régime de retraite est autour de 64 ans”. Cet âge, aujourd’hui contesté par l’opinion publique, était donc déjà évoqué par Emmanuel Macron dans cette allocution.

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Malgré des semaines de concertation avec les partenaires sociaux, le plan du gouvernement n’a donc visiblement pas changé. Lors de son discours de présentation de la réforme des retraites, le 11 décembre dernier, Édouard Philippe a avancé l’idée qui avait déjà été évoquée par Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 25 avril dernier. Jouant sur les notions d’âge légal et d’âge d’équilibre, le Premier ministre a expliqué que l’âge légal était maintenu à 62 ans, mais que l’âge d’équilibre (aussi appelé âge pivot) serait repoussé à 64 ans, avec un système de bonus-malus à mettre en place avec la gouvernance des partenaires sociaux sous validation du Parlement.

Dans les faits, il sera donc toujours possible de partir à la retraite à 62 ans... mais il faudra travailler jusqu’à 64 ans pour espérer une pension complète.

La bataille de l’emploi pas encore gagnée

Quant à la question de “gagner la bataille du plein emploi” et notamment chez les plus âgés comme l’évoquait Emmanuel Macron dans son discours, les résultats ne sont pour l’instant pas au rendez-vous.

Selon l’Insee, au troisième trimestre de 2019, le taux d’emploi des seniors a diminué de 0,3 points. Il était à 52,7% chez les 55-64 ans, contre 80,5% chez les 25-49 ans. Le taux de chômage a légèrement augmenté entre le deuxième et le troisième trimestre chez les 50 ans ou plus, en passant de 6,3 à 6,4% de la population active.

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