Emmanuel Macron à Villers-Cotterêts : pourquoi l’Aisne pour la Cité internationale de la Francophonie ?

Avec plus de 210 millions d’euros investis, le chef de l’État voit se concrétiser un chantier culturel lancé en 2007, le plus important de sa présidence hors Notre-Dame de Paris.

POLITIQUE - « Une maison commune offerte à tous les francophones. » Voilà comment l’Élysée évoque la Cité internationale de la langue française, que le président de la République doit inaugurer ce lundi 30 octobre dans le château restauré de Villers-Cotterêts dans l’Aisne, en compagnie de quelque 500 personnes, ambassadeurs, personnalités ou intellectuels.

Il s’agit d’un moment important pour Emmanuel Macron qui voit se concrétiser ce grand projet lancé en 2017, le deuxième plus gros chantier culturel de sa présidence après la restauration de Notre-Dame de Paris. Au total, plus de 210 millions d’euros ont été investis pour créer cette première institution culturelle dédiée à la langue française.

Pour son entourage, le but est d’« expliquer comment la langue s’est constituée », « évoquer son dialogue avec les autres », mais également œuvrer et expliquer le processus qui en a fait la cinquième langue la plus parlée au monde aujourd’hui. Quant au choix précis de Villers-Cotterêts, il peut s’expliquer par plusieurs dimensions, historiques, personnelles voire politiques.

Un « antidote au sentiment d’abandon »

C’est en effet dans cette ville de 10 000 habitants, à 80 km de Paris, que le candidat Macron a découvert en 2017 l’état de délabrement du château Renaissance construit sous l’égide de François 1er au XVIe siècle, désormais transformé en Cité de la Francophonie.

« Sensible à la situation du château qui était dans un état d’abandon profond », le président de la République « a décidé de le sauver et, pour le sauver, d’en faire un lieu consacré à la langue française et à la francophonie », explique son entourage aux journalistes en marge de l’inauguration. Il faut dire que c’est dans cette bâtisse que François Ier a pris l’ordonnance de 1539 qui a fait du français la langue officielle pour tous les actes administratifs du royaume. Mais l’ancienne résidence royale avait été laissée à l’abandon.

Plus prosaïquement, il est difficile également d’écarter tout symbole politique dans le choix d’implanter cette Cité dans l’Aisne, un département favorable au Rassemblement national. L’élu du RN Franck Briffaut en est maire depuis 2014 et Marine Le Pen y est arrivée en tête du second tour de la dernière présidentielle.

Selon l’Élysée, le projet ambitionne ainsi de faire de la culture un « antidote au sentiment d’abandon » dans ce territoire marqué par la désindustrialisation et la tentation du vote d’extrême droite.

« Le constat de base du candidat Emmanuel Macron en 2017, c’était les difficultés économiques et sociales du territoire », explique ainsi la présidence, mais il s’agit aussi d’« une façon de répondre et de tracer des perspectives d’avenir pour montrer que justement le redressement du territoire ne passe pas par le repli sur soi, mais bien davantage et avec beaucoup plus de chances de succès, vers l’ouverture ».

Composée d’un parcours de visite, de lieux d’expositions, de résidences d’artistes et de chercheurs, la Cité espère attirer 200 000 visiteurs par an. Elle accueillera en 2024 le sommet de la Francophonie, auquel les dirigeants de 88 États sont conviés.

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