Émeutes: les forces de l'ordre entre "épuisement" et "inquiétude"

Après quatre nuits de violences urbaines, les policiers se disent déjà "éreintés" face à des manifestants déterminés. Ils redoutent l'utilisation d'armes chez les émeutiers.

Des forces de l'ordre exténuées. Les représentants de syndicats de police évoquent auprès de BFMTV l'état physique et mental de leurs hommes, après une quatrième nuit de violences urbaines dans de nombreuses villes de France. Ils décrivent des policiers à la fois inquiets et déjà épuisés.

"Un état d'épuisement physique et mental incroyable"

"Les fonctionnaires de police sont dans un état d'épuisement physique et mental incroyable", rapporte ce samedi à notre antenne Rudy Manna, secrétaire départemental Alliance Police des Bouches-du-Rhône.

"Ils ont fait des vacations de 14, 15, 16 heures, avec 12 kg sur le dos en marchant entre 14 et 15 km ou en courant derrière des individus", précise-t-il.

"Le bilan de la nuit se résume en un seul mot: apocalyptique. On a eu des scènes de guérilla dans tout le centre-ville de Marseille", résume-t-il.

Des policiers "suremployés"

Même discours du côté du syndicat Alternative Police CFDT. "Les collègues sont particulièrement éreintés", affirme son secrétaire général à BFMTV Denis Jacob.

Pour lui, la fatigue générale s'explique aussi par l'accumulation des épisodes de violences urbaines intenses ces dernières années. "On a eu des manifestations sociales en 2016, les gilets jaunes, la réforme des retraites et donc des manifestations (...), maintenant on a la problématique de l'embrasement des quartiers sensibles", énumère-t-il.

"À cela s'ajoutent tous les événements nationaux et internationaux festifs, sportifs, donc les collègues sont suremployés", déplore-t-il.

La crainte d'armes aux mains des manifestants

À cette fatigue s'ajoute l'incertitude concernant la durée et l'évolution de ces violences urbaines. "Dans certains quartiers de France, nous avons des individus armés de fusils à pompe. Pour le moment, ils tirent sur les vidéo-surveillance de la ville. Il n'y a pas eu de tir, à ma connaissance, en direction des forces de sécurité, mais on ne peut pas exclure que ça se produise dans les nuits à venir", s'inquiète Denis Jacob.

Quatre policiers ont déjà été blessés par une arme longue à grenaille dans la nuit de vendredi à samedi à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône, a appris BFMTV de source policière.

De quoi "laisser craindre le pire dans les nuits qui viennent", déclare le représentant d'Alternative Police CFDT, alors qu'une armurerie a notamment été vandalisée à Marseille dans la nuit de vendredi à samedi.

Éviter "l'irréparable"

"Je suis particulièrement inquiet pour mes collègues, il ne faudrait pas qu'on arrive à l'irréparable", confie le représentant d'Alternative Police CFDT.

"Nous restons vigilants pour les nuits à venir, il y a une grande inquiétude de mes collègues", lâche-t-il.

Denis Jacob assure malgré tout que les forces de l'ordre s'assureront de leur mission. "Ils répondront présents et ne baisseront pas les bras (...), mais il faut que pour on puisse tenir qu'on ait tous les moyens utiles et nécessaires", demande-t-il.

Le représentant syndical indique notamment disposer d'un stock de gaz lacrimogènes "au plus bas", tout en se disant rassuré par les annonces du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin assurant qu'un réapprovisionnement est à venir et que des renforts policiers sont aussi au programme.

Depuis mardi, 35 membres des forces de l'ordre ont été blessés en marge des émeutes, dont 27 policiers et 8 gendarmes.

Article original publié sur BFMTV.com

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