Elsa Dreisig, la soprano qui nous enthousiasme : « Juliette, c’est la vie en accéléré »

Elsa Dreisig chante Juliette dans l'opéra de Gounod à Bastille.   - Credit:Simon Fowler
Elsa Dreisig chante Juliette dans l'opéra de Gounod à Bastille. - Credit:Simon Fowler

À qui s'inquiéterait de l'avenir de l'opéra, lui prédisant une lente agonie devant un public raréfié, il existe une réponse cinglante, un véritable élixir de jouvence : le Roméo et Juliette de Charles Gounod qui fait souffler ces jours-ci un grand vent de jeunesse sur l'Opéra de Paris (jusqu'au 15 juillet). Il y a d'abord l'effervescence de la mise en scène – signée Thomas Jolly, qui n'a pas volé son statut de star –, l'intensité du drame shakespearien, une musique follement romantique…

Et la grande joie d'entendre deux chanteurs au sommet de leur art : Benjamin Bernheim, ce ténor franco-suisse qui allie beauté du timbre, puissance dramatique et délicatesse d'interprétation, et Elsa Dreisig (révélation lyrique des Victoires de la musique 2016), inoubliable Juliette qui nous reçoit dans sa loge pour évoquer ce rôle exceptionnel et une carrière qui ne l'est pas moins.

Le Point : Parlez-nous de la Juliette de Gounod…

Elsa Dreisig : Elle parcourt un chemin considérable en cinq actes et seulement vingt-quatre heures d'action. Chez Gounod comme chez Shakespeare, c'est la vie en accéléré ! Il y a l'excitation de la première sortie à 14 ans, Juliette est avant tout une gamine qui a le droit d'aller en soirée pour la première fois… et aussitôt la sidération amoureuse, des prises de décision très fortes, le mariage, le poison…

Au fond, pour une chanteuse, c'est déjà l'occasion de jouer Shakespeare. Vocalement, l'évolution est magnifique, d'une voix de jeune fille lyriqu [...] Lire la suite