Elephants d'Asie : concevoir des corridors biologiques est essentiel pour leur survie

Comment de grands herbivores comme les éléphants d’Asie parviendront-ils à survivre dans des habitats naturels grignotés par l’artificialisation et la fragmentation ? Deux conservateurs du vivant, basés en Inde, expliquent l’importance d’établir des corridors biologiques entre les habitats qui subsistent. Et pour qu’ils soient opérants, de les valider scientifiquement. Entretien.

Elephas maximus, l’éléphant d’Asie inscrit sur la liste rouge de l'Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) depuis 2019, peut-il survivre dans un environnement où les humains empiètent toujours plus ? L’habitat naturel du continent est de plus en plus fragmenté. Pour éviter que ces grands herbivores, qui se déplacent sans cesse pour se nourrir, se retrouvent piégés dans des territoires étriqués en Inde, des corridors biologiques sont dessinés entre ces territoires sauvages depuis les années 1960.

Comment dessine-t-on les corridors les plus efficaces ? Priya Davidar et Jean-Philippe Puyravaud, deux conservateurs travaillant au sein de la Réserve de Biosphère des Nilgiris, en Inde du Sud, combinent leur connaissance du terrain et des acteurs humains et des outils émergents en conservation du vivant. Leur méthodologie s’appuie sur les systèmes d’informations géographiques (SIG) et l’écologie du paysage pour entretenir cette circulation animale la plus naturelle possible.

"Une harde d’éléphants, dans un monde d’Hommes, ne peut donc pas se consacrer à la plus basique de ses activités, se nourrir"

P. Davidar et J.-P. Puyravaud sont tous deux à l’origine des écologues du végétal. Ils vivent dans le sud de l’Inde, dans l’Etat du Tamil Nadu. Ils ont enseigné à l’université pour la première, et travaillé pour le privé pour le second. La retraite pour les deux écologues a été l’occasion de se tourner vers un autre domaine, celui de la conservation biologique. Ils ont quitté la ville pour la Réserve de Biosphère des Nilgiris, située dans le massif montagneux des Ghats occidentaux. Le lieu est exceptionnel par sa population de près de 6000 éléphants : c’est la plus large de toute l’Asie, circonscrite sur un seul territoire. Le couple gère une langue de terre de 12 hectares, acquise dans les années 1960 par le père de Priya Davidar, E.R.C. Davidar, un naturaliste respecté dans le pays. Avocat de formation, il a été le premier à dénombrer le bouquetin des Nilg[...]

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