Edward Snowden, le «Sunday Times» et l’avantage des sources anonymes

Un buste «pirate» d’Edward Snowden, à New York.

Les gouvernements américain et britannique le répètent ad nauseam : Edward Snowden est un traître. Peu importe que l’espionnage massif par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) des données téléphoniques, dévoilé par le lanceur d’alerte, ait été déclaré illégal par une cour d’appel de New York. Peu importe qu’une juridiction britannique ait considéré que le troc de renseignements auquel se livrent Londres et Washington contrevenait à la Convention européenne des droits de l’homme. Peu importe que les Nations unies aient adopté, après les révélations de l’ancien consultant de la NSA, une résolution pointant «l’impact négatif de la surveillance de masse» sur les droits humains. Comme tous les précédents lanceurs d’alerte, Snowden est un traître, assènent Washington et Londres. Complaisamment repris par The Sunday Times, puis par une flopée de médias.

L’affaire a fait carrément la une, ce dimanche, de l’hebdo de Rupert Murdoch : la Russie et la Chine auraient récupéré les documents d’Edward Snowden, exilé chez Poutine (il ne se gêne pourtant pas pour dénoncer «l’adoption arbitraire de lois ne respectant pas la vie privée» en Russie), mettant ainsi en danger des espions britanniques. C’est même comme ça qu’il aurait acheté sa liberté. Enfin, c’est ce qu’affirment «un haut fonctionnaire», une «source des renseignements britanniques» et du «ministère de l’Intérieur». Il a du «sang sur les mains», dit l’un d’eux. Même si, reconnaît Downing Street dans le même article, il n’y a «aucune preuve que quelqu’un ait eu à en souffrir».

Comme le rappelle Glenn Greenwald, le journaliste qui a révélé l’affaire, Snowden s’était défendu dès octobre 2013, en une du New York Times, d’avoir emporté les documents avec lui en Russie, assurant les avoir confiés à ses collaborateurs. Mais Greenwald ironise : «Si des sources anonymes du gouvernement le disent, et que des journalistes le répètent sans jamais identifier ces sources, c’est que ça doit être vrai.»

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