Ebola : où en est le vaccin ?

De alexkich/shutterstock.com

Une nouvelle flambée de virus Ebola a été signalée en République démocratique du Congo (RDC) à la fin du mois d’avril. Si la situation est prise très au sérieux, les observateurs ont bon espoir qu’elle ne mènera pas à une épidémie d’envergure. Si nécessaire, une vaccination ciblée est possible. Elle se ferait dans le cadre d’un essai clinique et concernerait uniquement les personnes exposées au virus.

« Le vaccin contre Ebola développé par le laboratoire Merck ne bénéficie pas encore d’une validation officielle », rappelle Rebecca Grais, directrice d’Epicentre, association de recherche et de formation de Médecins sans Frontières (MSF). Toutefois, il s’agit du candidat vaccin le plus prometteur à ce jour. « Au cours des essais cliniques menés en Guinée depuis la fin de l’épidémie en Afrique de l’ouest déclarée en 2014, il a démontré de bons résultats en matière d’efficacité et de tolérance. »

En cas de besoin, « il pourrait être utilisé en République Démocratique du Congo », indiquait le 18 mai l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Une flambée de virus Ebola a en effet, récemment été signalée dans ce pays où 20 cas suspects ont été rapportés. Parmi eux, seulement 2 ont été confirmés par analyse et 3 décès sont à déplorer. Toutefois, à l’heure où nous publions ces lignes, « le gouvernement de RDC n’a pas pris la décision de déployer ce dispositif », indique Tarik Jazarevic, porte parole de l’OMS. En tout cas, « les partenaires mettent tout en œuvre pour être prêts à vacciner de façon ciblée, aussi vite que possible si un feu vert était donné ».

Mais, pour Rebecca Grais, « il ne sera peut-être pas nécessaire d’en arriver là puisque très peu de cas ont été confirmés ». En outre, « la période de 21 jours sans nouveau cas confirmé sera bientôt achevée, ce 29 mai ». Néanmoins, l’OMS assure prendre cette flambée très au sérieux. « Nous avons appris à ne jamais, au grand jamais, prendre Ebola à la légère », souligne le Dr Peter Salama, directeur exécutif du programme d’urgence en santé de l’OMS.

Les défis logistiques et médicaux

La vaccination ciblée de personnes exposées au virus et du personnel de santé de première ligne soulève plusieurs défis, notamment logistiques. Le vaccin de Merck doit être conservé à –80°C. Un véritable challenge dans la région du nord de la RDC particulièrement isolée et peu équipée. Certes « nous disposons de réfrigérateurs adaptés et transportables », explique Rebecca Grais. Mais cette contrainte reste assez lourde pour les équipes. L’accessibilité des personnes concernées représente un autre défi. « Il faudrait en effet probablement se déplacer au domicile de ces gens », indique-t-elle. « Dans une zone difficile d’accès. »

Concernant le vaccin lui-même, des limites existent aussi. « Nous n’avons pas encore de données pour les enfants », souligne le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service de maladies infectieuses, parasitaires et tropicales de l’Hôpital Bichat. « Ni sur la durabilité de l’efficacité du vaccin. »

C’est pourquoi les études se poursuivent en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Ainsi, « avec l’Inserm nous menons un travail sur 5 000 personnes dont 1 000 enfants, avec 2 vaccins et plusieurs stratégies », poursuit-il. « Nous espérons notamment découvrir combien de temps les vaccins sont efficaces. » Outre celui de Merck, un autre candidat vaccin de Johnson & Johnson fait l’objet de ces travaux scientifiques. Car « il serait bon d’avoir plusieurs vaccins, pour ne pas être dépendant d’éventuelles ruptures de stock ou d’approvisionnement », conclut le Pr Yazdanpanah.