Faut-il privilégier l'eau en carafe filtrante, en bouteille, ou du robinet ? Ce qu’il faut savoir pour faire son choix

Entre les révélations sur la qualité des eaux de Nestlé "non garantie" et les pollutions aux PFAS dans certaines villes, le choix est difficile à faire pour le consommateur.

La qualité de l'eau du robinet est l'objet de nombreuses interrogations / Getty Images/iStockphoto
La qualité de l'eau du robinet est l'objet de nombreuses interrogations / Getty Images/iStockphoto

Le débat est une nouvelle fois relancé, entre eau du robinet, eau en bouteille ou eau en carafe filtrante. Entre les révélations de France Info et du Monde, qui dévoilent une expertise remise au gouvernement, selon laquelle la qualité des eaux du groupe Nestlé comme Hépar, Perrier, Vittel, Contrex n'est "pas garantie", et les pollutions aux PFAS, retrouvées dans plusieurs nappes d'eaux souterraines, le choix pour le consommateur entre eau du robinet, eau en bouteille, ou eau dans une carafe filtrante est difficile. Le point pour s'y retrouver.

  • L'eau du robinet

C'est la solution la moins chère : 4,34€ par mètre cube, toutes taxes comprises, en moyenne en France. Des contrôles fréquents des Agences Régionales de Santé (ARS) sont menés pour vérifier la qualité de l'eau, avec des analyses pour évaluer la présence de bactéries, l'odeur éventuelle ou encore le niveau de chlore. Des résultats qui sont rendus disponibles en ligne, commune par commune, sur le site du ministère de la Santé.

L'UFC-Que Choisir a mis en ligne une carte interactive, gratuite, de la qualité de l'eau du robinet. Une carte basée sur les analyses de l’eau effectuées entre janvier 2019 et décembre 2020, sur les 34 638 communes de France métropolitaine, publiées sur le site du ministère de la Santé, pour 50 contaminants et paramètres physico-chimiques.

Avec 18,5 millions d'analyses réalisées par les autorités sanitaires chaque année et 9,3 millions par les entreprises de l’eau, l'eau du robinet est le produit alimentaire le plus contrôlé, détaille le Centre d'informations de l'eau.

Selon un sondage Ifop, 74% des répondants jugent la qualité de l'eau du robinet satisfaisante, contre 73% en 2018 et 77% en 2013. Une qualité de l'eau qui constitue toutefois la 2e préoccupation environnementale, selon ce sondage.

Une eau du robinet qui peut, localement, être déconseillée temporairement pour plusieurs raisons. En raison des fortes pluies des derniers jours, l'eau du robinet a notamment été déclarée impropre à la consommation dans plusieurs villes du Var.

  • La carafe filtrante

Si l'eau du robinet est largement plébiscitée par les Français, 69% des sondés par l'Ifop déclarent en consommer régulièrement, plusieurs reproches émanent des consommateurs. Notamment concernant le goût -32% des sondés ne sont pas satisfaits- ou concernant la teneur en chlore : 38% des Français ne sont pas satisfaits.

Ce qui pousse de nombreux consommateurs à opter pour une carafe filtrante. Selon l'Anses, 15 à 20% des foyers français sont équipés d’une carafe filtrante. La suppression du goût de l'eau du robinet et de son aspect calcaire est l'une des revendications affichées par les vendeurs de carafe.

Une considération pas nécessairement en accord avec la qualité de l'eau. "L’eau calcaire, présente dans l'eau de nos robinets mais aussi en bouteille, est en réalité une eau qui contient du carbonate de calcium et du magnésium, venu enrichir l’eau au contact des massifs rocheux, tout au long de son parcours jusqu’à son puisage", explique ainsi le CI-Eau.

Face au succès de ce mode de consommation de l'eau, l'Anses a émis un rapport. "L’usage de carafes filtrantes peut conduire au relargage de différents contaminants (ions argent, sodium, potassium, ammonium) dans l’eau de boisson, à un abaissement du pH, voire à une altération de la qualité microbiologique de l’eau", écrit l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, même si "les données actuellement disponibles ne permettent pas de mettre en évidence un risque pour la santé du consommateur."

Surtout, l'Anses recommande aux utilisateurs de bien respecter les conditions d'utilisation des fabricants : nettoyage de la carafe, remplacement régulier de la cartouche, ne pas l'utiliser pour l'alimentation des nourrissons, ou encore conserver la carafe filtrante et son eau au réfrigérateur et consommer l’eau filtrée rapidement, idéalement dans les 24 heures après filtration.

Car l'utilisation des carafes par les consommateurs n'est pas la meilleure. Selon un sondage, 55% des personnes interrogées pensent qu'il est préférable de laisser une carafe à l'air libre. Or, c'est un geste fortement déconseillé car l’eau qui stagne dans une atmosphère non réfrigérée s’expose à la poussière et au développement de certains germes.

VIDÉO - Carnet de Santé - Dr Christian Recchia : "Il ne faut pas attendre d’avoir soif. Il faut boire un verre d’eau toutes les heures"

  • L'eau en bouteille

47% des Français interrogés dans une enquête Kantar pour le Centre d'information de l'eau déclarent boire de l'eau en bouteille tous les jours. Une consommation qui est pourtant au coeur de polémiques, comme très récemment après les révélations sur la qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé.

À LIRE AUSSI >> Qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé "pas garantie" : quelles marques faut-il éviter de consommer ?

Une étude américaine publiée en début d'année révélait quant à elle la présence de 240 000 particules par litre d’eau en bouteille testée. L’impact sur la santé reste méconnu, en raison du manque d’études épidémiologiques. En mars 2022, une étude inédite publiée dans la revue Environment International révélait que ces résidus plastiques étaient présents dans le sang humain. Ils ont par ailleurs déjà été détectés dans le placenta humain.

Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), des études sur les animaux suggèrent des effets nocifs sur le métabolisme, l'intestin, le développement cérébral, des dégâts sur le matériel génétique ou encore la respiration cellulaire, pouvant entraîner jusqu'à une mort précoce.

Une contamination aux microplastiques qui provient notamment de la dégradation de la bouteille, notamment en cas d'exposition aux UV et à la chaleur. Seulement 47% des personnes interrogées par Kantar savent qu'il faut éviter de consommer l'eau d'une bouteille ouverte depuis plus de 48 h ou de laisser une bouteille d’eau entamée à température ambiante.