"Dry January" : arrêter l’alcool pendant un mois a des effets positifs sur votre corps, voici lesquels

Meilleur sommeil, davantage d’énergie, meilleure peau... Des experts et des adeptes du "Dry January" racontent les bienfaits de ce mois sans alcool sur la santé et le moral.

SANTÉ - Le « Dry January » ne cesse de gagner en popularité. De plus en plus de personnes relèvent ce défi venu d’outre-Manche : tirer un trait sur l’alcool pendant le premier mois de l’année. Accumulant à chaque édition plusieurs millions de participants à l’échelle mondiale, il est devenu un véritable mouvement (et on trouve même une application pour aider les gens à tenir).

Cet article signé Ashley Davidson, publié à l’origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast ForWord. Il a été initialement publié en 2020 sur Le HuffPost France, nous le rediffusons à l’occasion du « Dry January » de 2024.

« Pour nombre d’entre nous, le ‘Dry January’ s’inscrit dans cet état d’esprit caractéristique de la nouvelle année: celui d’un ‘moi repensé’, fait remarquer Leigh Winters, neuroscientifique et spécialiste du bien-être holistique, dans un email adressé au HuffPost américain. J’imagine que certains sortent en outre d’une période d’excès et estiment avoir un peu trop poussé sur le vin ou la bière à l’occasion des fêtes. Et pour ceux qui n’ont pas l’habitude d’abuser de la boisson, cela représente une résolution facile à tenir pour prendre mieux soin de leur corps. »

Beaucoup de personnes voient dans ce défi une performance non négligeable mais quel en est l’impact concret sur l’organisme ? Nous avons interrogé plusieurs experts de la santé, ainsi que d’anciens participants. Découvrez ci-dessous quelques-uns des avantages potentiels.

Une peau qui se transforme

PEOPLEIMAGES VIA GETTY IMAGES
PEOPLEIMAGES VIA GETTY IMAGES

Les effets déshydratants de l’alcool, en plus d’affecter l’ensemble du corps, sont particulièrement nuisibles pour la peau, souligne Debra Jaliman, dermatologue certifiée et maître de conférences en dermatologie à l’école de médecine Icahn du centre médical Mount Sinai de New York.

Selon elle, les grands buveurs sont exposés à des carences en zinc, susceptibles d’entraîner une réaction à l’histamine déclenchant une rosacée: des rougeurs parfois subites du visage. À en croire les études, ce problème est plus fréquent chez les femmes consommant régulièrement de l’alcool. Vous constaterez donc peut-être une amélioration de la qualité de votre peau pendant ce mois de sobriété. Mais si vous revenez ensuite à vos anciennes habitudes, les effets déshydratants reprendront toute leur place en quelques semaines.

Pour votre future consommation (le cas échéant), la spécialiste conseille d’opter pour des alcools clairs comme la vodka. « Ceux-ci ne sont pas reliés à la rosacée. »

Un meilleur sommeil

GEORGERUDY VIA GETTY IMAGES
GEORGERUDY VIA GETTY IMAGES

Oubliez le petit verre avant d’aller au lit. « Réduire ou cesser votre consommation d’alcool vous aidera véritablement à mieux dormir », affirme Marc Milstein, un chercheur en santé cérébrale spécialisé dans la science du sommeil.

Selon ses dires, l’alcool détruit le glutamate, un neurotransmetteur excitateur qui nous aide à rester éveillés. Le problème : le cerveau, remarquant cette dégradation, se met à en sécréter encore davantage.

« [Le phénomène] se produit généralement au milieu de la nuit, provoquant un réveil qui ruinera vos chances de repos jusqu’au matin. »

Une énergie potentiellement accrue

Sacha Cohen, 48 ans, fondatrice d’une agence de relations publiques de Washington, se prépare cette année à son quatrième Dry January. Pour elle, le plus grand avantage s’est manifesté sur la balance mais elle a aussi remarqué avoir bien plus de punch.

« Le matin, j’ai plus tendance à sauter du lit qu’à m’en traîner au ralenti. J’arrive aussi mieux à me concentrer. Globalement, j’ai plus de ressort. »

Le sentiment de redevenir une "machine bien huilée"

ND3000 VIA GETTY IMAGES
ND3000 VIA GETTY IMAGES

Adriane Abraham, coach sportive certifiée et PDG d’un centre de remise en forme de Floride, compare la consommation d’alcool au fait de mal entretenir sa voiture.

« Votre corps est votre véhicule. Boire, c’est [l’équivalent de] conduire avec une roue de secours. Ça vous ralentit sur tous les plans. Inutile d’espérer fonctionner comme une machine bien huilée. En passant 30 jours sans alcool, une personne qui n’en a pas l’habitude ne pourra que constater les effets sur son bien-être. »

Et peut-être même une influence positive sur le mental

Après une journée très stressante, il peut paraître naturel de se servir une bière ou un verre de vin, histoire de se détendre un peu. Mais les études le montrent bien: dans certains cas, l’alcool risque plutôt d’aggraver le sentiment d’anxiété. Ses effets antidépresseurs se manifestent certes à court terme mais sur la durée, une consommation excessive peut nuire sérieusement à la santé et à l’équilibre psychologique, rapporte l’Institut national sur l’abus d’alcool et l’alcoolisme, organe de l’Institut américain de la santé. Un mois d’abstinence voire même plus peut donc aussi vous laisser mieux dans votre tête.

Alors, prêt à laisser tomber la bouteille ?

LESZEKCZERWONKA VIA GETTY IMAGES
LESZEKCZERWONKA VIA GETTY IMAGES

Même pendant une courte période, les bienfaits sont évidents. Pour Lori Cheek, fondatrice et directrice de l’application de rencontre Cheekd, c’est devenu une tradition annuelle : son enthousiasme est tel qu’elle renouvelle l’expérience pendant deux semaines au mois d’août.

« Je le fais tous les ans, et j’ai tant d’anecdotes à raconter, déclare par email cette entrepreneuse de 45 ans. Je suis devenue une pro [de ce défi]; je vois arriver la fin du mois avec 5 kg en moins, un porte-monnaie bien plus rempli, de l’énergie à revendre et un appartement d’une éclatante propreté. Après le travail, je vais voir un film au lieu de prendre un verre, et je fais deux fois plus de sport. J’ai aussi converti plusieurs personnes de mon entourage: avec quelques amis, ça devient encore plus facile. »

Adam Splaver, cardiologue à Hollywood (Floride), recommande cependant aux personnes habituées à une forte consommation et potentiellement dépendantes de consulter un médecin avant toute démarche (car elles pourraient être exposées à divers effets secondaires : tremblements, hallucinations, palpitations et hausse de la tension artérielle). En règle générale, si vous craignez de souffrir d’une addiction, n’hésitez pas à vous tourner vers un organisme comme Alcool Info Service.

Pour résumer, les adeptes de l’alcool en soirée constateront une véritable amélioration de leur santé à travers cette petite cure d’abstinence.

« J’encourage fortement cette pratique chez tous ceux qui ont pris l’habitude de boire en société, perdant conscience de l’importance de leur consommation, commente la neuroscientifique Leigh Winters. Évaluez-en la fréquence et la quantité sur le mois écoulé : en cas de mauvaise surprise, un bon sevrage est un moyen parmi d’autres de reprendre le contrôle pour adopter à l’avenir des habitudes plus raisonnées. »

À voir également sur Le HuffPost:

Pour le Dry January, ces dizaines d’addictologues réclament le soutien de l’exécutif

« Les clichés sur l’alcoolisme m’ont longtemps empêchée d’arrêter l’alcool » - Témoignage

VIDÉO - Mois Sans tabac : Comment ne jamais rallumer une cigarette de sa vie ?