"Dry January": 48 addictologues demandent au gouvernement de soutenir le mois sans alcool

Ils veulent "des gestes forts". Dans un courrier révélé par Le Parisien, et publié en intégralité par France info, 48 addictologues demandent au ministre de la Santé Aurélien Rousseau de soutenir l'opération "Dry January", ou "Défi de janvier", qui incite à ne pas consommer d'alcool durant le mois.

"Il s’agit d’une opération positive qui consiste pour chacun, dans le cadre d’un mouvement collectif, à s’interroger sur la place que prend l’alcool dans sa vie et de relever le défi de ne pas en consommer pendant cette période", écrivent les membres du Collège national universitaire des enseignants d'addictologie.

"Normaliser l'abstinence"

Les professionnels de santé promeuvent une "opération de mobilisation sociale sur une base volontaire qui n’est ni normative ni moralisatrice" en soulignant que les "bénéfices" de ce type d'opération ont été "attestés" dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni.

Contacté par BFMTV.com, l'addictologue et professeur à l'université de Bordeaux, Marc Auriacombe, met en avant "une initiative qui valorise le fait de ne pas consommer d'alcool et normalise la possibilité d'être abstinent".

"Même si certains ne vont pas totalement relever le défi, ça contribue à se poser la question de sa consommation", ajoute le signataire du courrier, qui voit Dry January "comme un panneau d'avertissement sur la route".

La "confiance" dans le gouvernement "sérieusement altérée"

Dans leur courrier, les addictologues regrettent que "la confiance envers le gouvernement pour mener une politique cohérente et résolue est sérieusement altérée", alors que "le soutien" de Santé publique France au "Dry January "a été suspendu".

Fin 2019, le gouvernement avait en effet annulé son soutien à l'opération préparée par Santé publique France en janvier 2020 au motif que le projet n'avait "pas été validé" par la ministre d'alors, Agnès Buzyn. Les professionnels et associations avaient dénoncé une pression des lobbys du vin en marge d'un déplacement d'Emmanuel Macron en Champagne.

"On voit bien que le gouvernement est assis entre deux chaises. Mais logiquement, c'est le rôle du ministère de la Santé de faire pencher la balance en faveur de la modération", pointe l'addictologue Marc Auriacombe.

L'opération Dry January est aujourd'hui animée en France par un collectif d'associations qui "a rencontré l’opinion", selon le courrier. "Il serait plus que dommage que le ministère de la Santé et de la Prévention, et son agence sur ce champ, continuent de s’en tenir à l’écart", soulignent les signataires.

Campagnes annulées

Cette année, plusieurs séquences ont altéré les relations entre gouvernement et acteurs de la lutte contre l'alcoolisme, comme la mise au placard de deux campagnes de prévention.

"Ne laissez pas l’alcool vous mettre KO” et "Quand on boit des coups, notre santé prend des coups”, pouvait-on lire sur ces affiches retoquées par l'ancien ministre de la Santé, François Braun, qui s'est justifié auprès du Parisien.

"J’assume! J’ai décidé d’arrêter ces deux campagnes car je les trouvais nulles. C’était ma décision, leur message trop négatif ne collait pas du tout avec l’idée de la prévention que j’en avais", se défend-il dans les colonnes du journal.

La dernière campagne en date, pilotée cette fois par le ministre actuel Aurélien Rousseau, n'a pas non plus fait l'unanimité. En conseillant notamment aux jeunes de "manger avant de boire de l'alcool", les spots publicitaires diffusés en septembre ont été jugés ambigus, car n'appelant pas clairement à une réduction de la consommation.

Article original publié sur BFMTV.com