Droits TV de la Ligue 1: pourquoi Cyril Linette, ex-patron des sports de Canal+, est inquiet pour le foot français

Difficile de savoir qui seront le ou les prochains diffuseurs du championnat de France de football à partir de la saison prochaine. Si le président de la LFP, Vincent Labrune, visait le milliard d’euros (droits internationaux inclus), il a revu ses ambitions à la baisse. L’appel d’offre lancé cet automne a été infructueux. La Ligue espère désormais obtenir au moins 800 millions d’euros à l'issue des négociations au gré à gré (et toujours en cours) avec les diffuseurs.

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Pour Cyril Linette qui maîtrise parfaitement ces enjeux pour avoir été à la tête du service des sports de Canal+ entre 2008 et 2015, il y a de quoi être inquiet sur ce dossier, et donc pour l'avenir du football français pour trois raisons majeures. La première est l’absence de suspense pour le titre de champion: "On connaît le champion avant le début de la saison, a regretté l’ex-journaliste du diffuseur historique de la Ligue 1 en pensant au PSG, dimanche matin dans les Grandes Gueules du Sport. En sport, ce qui compte ce sont les émotions et le suspense. Il n’y en a pas. Il n’y a aucune excitation autour de l’attribution du titre de champion de France. Le produit est moins bon qu’il y a 10-15 ans."

"Non seulement le produit est moins bon mais il y a moins de monde dans le magasin"

Cyril Linette estime aussi que la L1 est "moins visible qu’avant." "A mon époque, les matchs faisaient 2,5/3 millions de téléspectateurs. Aujourd’hui, les audiences sont morcelées. La Ligue a tourné le dos à son principal diffuseur (Canal+), celui qui a le plus gros bassin d’audience. La 'morcélisation' globale de la diffusion a conduit à une division de l’audience par cinq voire par dix par rapport à il y a 10-15 ans. Donc non seulement le produit est moins bon mais il y a en plus moins de monde dans le magasin."

Un motif d'espoir quand même

Enfin, Cyril Linette avance enfin une troisième raison d’être pessimiste pour la Ligue, la stratégie des diffuseurs qui a changé par rapport à l’ère Canal+: "Aujourd’hui, les opérateurs se partagent les droits. Amazon perd de l’argent. Prime Vidéo perd de l’argent, Disney perd l’argent… Mondialement, tout le monde perd de l’argent et essaie d’en perdre le moins possible en agrégeant les offres et en se distribuant les uns et les autres plutôt que de mettre des fortunes. Donc je ne vois pas pourquoi la Ligue 1 ferait exception à ce phénomène mondial."

Malgré ce tableau noir, Ciryl Linette a un motif d’espoir pour la LFP qui arrive toujours, selon lui, "a bien à retomber sur ses pieds." "Elle est astucieuse et bénéficie parfois d’appuis politiques", indique le journalise qui anticipe un possible arrangement avec les Qataris. "Avec la relation avec le Qatar, quand on parle de droits à l’étranger, on peut peut-être imaginer que QSI surpaye les droits internationaux pour pouvoir trouver une solution commune", conclut Cyril Linette.

Article original publié sur RMC Sport