Douma: May obtient l'appui de son cabinet pour une action éventuelle

Un bus transportant des rebelles et leurs familles quitte Douma. Le gouvernement britannique a convenu jeudi de continuer à réfléchir avec les Etats-Unis et la France à des mesures visant à dissuader le régime syrien de recourir à des armes chimiques. /Photo prise le 12 avril 2018/REUTERS/Omar Sanadiki

LONDRES (Reuters) - Theresa May a obtenu jeudi le feu vert de ses ministres pour prendre des mesures non spécifiées avec les Etats-Unis et la France afin de dissuader la Syrie de recourir à nouveau à des armes chimiques.

La Première ministre britannique avait convoqué les membres de son cabinet pour discuter d'une éventuelle action militaire contre des objectifs du régime syrien, en coordination avec Washington et Paris, en représailles à l'attaque chimique présumée de Douma samedi dernier.

Plusieurs ministres ont jugé hautement probable que le régime de Bachar al Assad soit responsable de cette attaque.

Theresa May, qui avait qualifié mercredi l'attaque de Douma d'"acte révoltant et barbare", a déclaré à ses ministres que cet événement illustrait une érosion "profondément préoccupante" de la convention bannissant l'usage des armes chimiques.

"Le cabinet a convenu de la nécessité de prendre des mesures pour alléger les souffrances humanitaires et dissuader le régime Assad d'utiliser à nouveau des armes chimiques", a annoncé un porte-parole de Theresa May à l'issue de la réunion, lisant un communiqué.

"Le cabinet a convenu que la Première ministre continuerait à travailler avec ses alliés les Etats-Unis et la France pour coordonner une réponse internationale", ajoute le texte, qui ne fait aucune référence spécifique à une opération militaire.

La BBC a rapporté que Theresa May était prête à approuver une participation de la Grande-Bretagne à une intervention menée par les Etats-Unis sans demander un accord préalable de la Chambre des communes. Downing Street n'a souhaité faire aucun commentaire à ce sujet.

Une approbation de la Chambre des communes à une action militaire n'est pas requise mais une jurisprudence constitutionnelle non contraignante s'est imposée depuis le vote en 2003 d'un soutien à l'intervention américaine en Irak.

Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a demandé jeudi à en savoir plus sur les événements de Douma et réclamé que le Parlement soit consulté par le gouvernement de Theresa May avant toute opération militaire contre Damas.

"Le Parlement doit être consulté à ce sujet", a-t-il dit à la chaîne de télévision Sky News. "Il faut qu'il y ait une vraie procédure de consultations, le gouvernement ne peut pas prendre seul une telle décision."

Jeremy Corbyn s'est inquiété des conséquences de frappes aériennes en Syrie. "Que va-t-il se passer si un missile américain frappe un avion russe en Syrie ?", s'est-il demandé.

Selon un sondage YouGov publié jeudi, un Britannique sur cinq seulement est favorable à une frappe de missiles contre le régime syrien. L'enquête montre que 43% des Britanniques sont opposés à une telle action et que 34% sont sans opinion.

En 2013, le Parlement britannique, alors consulté, avait rejeté une action militaire contre le gouvernement d'Assad en réaction à une attaque chimique imputée à Damas, dissuadant le président américain Barack Obama de lancer des frappes contre le régime syrien.

(Guy Faulconbridge, David Milliken; Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)