"Douce nuit", "White Christmas"... Pourquoi entend-on toujours les mêmes chansons à Noël?

À quelques heures de se réunir en famille pour s'écharper autour d'une dinde sur fond de Petit papa Noël, BFMTV.com s'est penché sur la liste des chansons de Noël les plus reprises.

Un classement, établi par la base de données SecondHandSongs.com, qui sent bon la naphtaline, avec Douce Nuit, Sainte nuit (1er), le cantique de Noël Minuit, Chrétiens (2e), et White Christmas (3e) dans le trio de tête, ces chansons datant respectivement de 1818, 1847 et 1941.

"Noël est propice à la tradition, au retour en arrière, à la nostalgie", confirme à BFMTV.com Steven Jezo-Vannier, auteur de 'Jingle bells, l'improbable histoire des chansons de Noël'.

Pas l'ombre d'un titre français dans le top 20 des chansons les plus reprises. Les Anges dans nos campagnes, un autre cantique de Noël du 19e siècle, arrivent en 21e position.

D'Elvis Presley à John Legend

Et si ces chansons de Noël ont été reprises par de nombreux artistes français, de Tino Rossi et Line Renaud à Eddy Mitchell et Marie Myriam, ou M, Carla Bruni et Olivia Ruiz sur l'album de Michel Legrand, Noël, Noël, Noël, les grands spécialistes des reprises de Noël restent les Américains.

En France, "la société elle-même se met moins intégralement en 'holiday mood'", note Steven Jezo-Vannier, qui souligne qu'aux Etats-Unis, l'engouement est tel qu'"il y a des radios qui passent en programmation 100% Noël".

Aux Etats-Unis, "des artistes même de haut niveau, et qui n'ont plus rien à prouver, ont fait des albums de Noël, parce que c'est traditionnel dans l'entertainment américain, de s'inscrire dans cette filiation-là". C'est ainsi qu'Elvis Presley, John Legend ou Bob Dylan, et bien sûr Mariah Carey, ont sorti des albums de Noël.

Et qui dit album de Noël, dit reprise de vieux standards. "L'album dont est tiré, All I Want for Christmas de Mariah Carey, est composé aux deux tiers de reprises des années 30, 40 et 50", souligne Steven Jezo-Vannier. Dont Silent Night le titre le plus repris au monde, et Santa Claus is coming to town, le tout premier tube de Noël sorti au moment de l'explosion de l'industrie musicale américaine, au début des années 1930.

Ce morceau, écrit et composé par John Frederick Coots et Haven Gillespie en 1934, a rencontré un immense succès. Il avait pourtant été accueilli avec scepticisme par les producteurs et les maisons de disques, qui voyaient mal le potentiel d'un titre qui aurait deux semaines de vie dans l'année.

"Alors que justement, c'est ça la clé du succès, c'est le fait de revenir chaque année. Le plan com' est assuré par la société elle-même qui se met en holiday mood", souligne Steven Jezo-Vannier.

Santa Claus is coming to town est aujourd'hui le 19e titre de Noël le plus repris au monde. Outre Mariah Carey, de nombreux autres artistes de toutes les générations s'y sont frottés, comme Bruce Springsteen, Frank Sinatra, les Jackson 5, les Supremes, Michael Bublé ou Justin Bieber.

L'autre succès de Noël qui a suivi est White Christmas, de Irving Berlin, rappelle Steven Jezo-Vannier. "On se rend compte, souligne le spécialiste, que les chansons de Noël percent parce qu'elles entrent en résonance avec l'humeur du pays".

"Quand Bing Crosby fait son 'White Christmas', une chanson très mélancolique, pleine de tristesse, elle sort pile à 15 jours de l'entrée en guerre des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale."

La recette fera florès. "Tout le panthéon de la musique américaine, de Frank Sinatra à Nat King Cole, en passant par Ella Fitzgerald va faire des albums de Noël, à la suite de Bing Crosby", évoque Steven Jezo-Vannier.

"Puis, tous les grands noms du show-business américain se mettent dans les pas de ces figures tutélaires. Et s'inscrivent dans une tradition, propre à la culture musicale américaine, celle du standard, le 'grand répertoire', le 'great american songbook'", que l'on doit entre autres à Irving Berlin, auteur de White Christmas et Happy Holiday, ou Cheek to cheek.

Les reprises de vieux standards présentent en outre de "nombreux avantages très pragmatiques", souligne Steven Jezo-Vannier. "Les chansons sont déjà connues, ça ne coûte pas de droits, il suffit de quelques arrangements pour remettre ça à sa sauce, le succès est quasi assuré.

Article original publié sur BFMTV.com