« Les Doigts coupés », le premier polar préhistorique

Les fameuses mains aux doigts coupés ornant les parois de la grotte paléolithique Cosquer, dans les calanques de Marseille. - Credit:Aventurier Patrick/ABACA
Les fameuses mains aux doigts coupés ornant les parois de la grotte paléolithique Cosquer, dans les calanques de Marseille. - Credit:Aventurier Patrick/ABACA

«Sur un sol dur, presque entièrement enfoncé dans la terre, un squelette humain recroquevillé sur le flanc. » Nous sommes dans un polar, il y a un mort : classique. Cela ronronnerait presque un peu si cet individu n'avait pas – fait inédit dans le roman policier – été assassiné il y a 35 000 ans.

L'idée géniale d'Hannelore Cayre, autrice de sept polars, dont La Daronne, qui l'a hissée en 2007 parmi les grandes voix du genre, est de situer son intrigue au cœur de la préhistoire. Mais ne comptez pas voir surgir entre les pages de ce livre bref, vif et hilarant, des individus façon famille Pierrafeu, ahanant entre deux borborygmes un gourdin à la main. Ses personnages s'expriment comme vous et moi, et Oli, son héroïne, est une flèche. Intelligente, sagace, culottée. Elle vit avec sa famille, composée d'une dizaine d'individus, sous la houlette de « l'oncle-aîné ». Ils partagent leur campement avec une autre petite tribu, ce qui restreint considérablement les équations amoureuses, l'inceste étant déjà tabou.

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Chaque soir, Oli observe d'un œil mi-écœuré, mi-émoustillé les galipettes auxquelles se livrent ses congénères. Elle se tient à l'écart de la bagatelle : « Les hommes ; quelle plaie », songe-t-elle. Chez elle, les femmes doivent s'en tenir aux rôles de cuisinière et de pondeuse. Mais elle, elle veut chasser. Sauf que quand elle s'y est risquée, gamine, l'oncle-aîné lui a tranché deux doigts. C'est le tarif quand on [...] Lire la suite