Djokovic persiste sur le “Kosovo, coeur de la Serbie” : pourquoi ça pose problème ?

Novak Djokovic lors du deuxième tour de Roland Garros, le 31 mai 2023 à Paris (Photo by Christian Liewig - Corbis/Corbis via Getty Images)
Novak Djokovic lors du deuxième tour de Roland Garros, le 31 mai 2023 à Paris (Photo by Christian Liewig - Corbis/Corbis via Getty Images)

Le joueur de tennis serbe a suscité la polémique en écrivant “le Kosovo est le cœur de la Serbie” sur une caméra à l'issue du deuxième tour de Roland-Garros.

Novak Djokovic a remis la balle de la polémique au centre du court. Après sa victoire au premier tour à Roland Garros lundi 29 mai, la star serbe a écrit sur une caméra de France Télévisions postée sur le court “Le Kosovo est le cœur de la Serbie. Stop à la violence”. Une phrase choc alors que les membres de la force internationale emmenée par l’Otan et des manifestants serbes s’affrontent depuis plusieurs jours dans le territoire. “Ce n’est pas approprié”, a réagi la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur le plateau de Télématin mercredi tout en précisant que la directrice du tournoi avait échangé avec le joueur et ses proches.

La réaction de Novak Djokovic à l’issue de sa victoire au deuxième tour du tournoi était attendue. “Je pourrais le répéter, mais je ne le ferai pas. Beaucoup de gens ne sont pas d’accord, mais moi, c’est ce que je pense”, a déclaré le Serbe, dont le père est né au Kosovo. "Malgré le fait que Novak Djokovic soit l'un des meilleurs joueurs de tennis au monde, un tel comportement (...) ne peut être toléré car il crée un dangereux précédent selon lequel le sport peut être utilisé comme plateforme pour des messages, des agendas et la propagande politiques", a déclaré à l'Agence France-Presse un porte-parole du Comité olympique kosovar, Kushtrim Krasniqi. Le Kosovo a réclamé l’ouverture d’une procédure disciplinaire à l’encontre du joueur de tennis au Comité international olympique (CIO).

Que se passe-t-il au Kosovo ?

Le Kosovo est une ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008. Depuis, les tensions sont légion. En novembre dernier par exemple, des Serbes occupant des postes de fonctionnaires au sein des institutions ont démissionné en masse pour protester contre l’interdiction d’utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par Belgrade. Pour combler ce vide, de nouvelles élections ont été organisées dans le nord. La Srpska lista, un parti proche de la Serbie, a appelé au boycott.

Malgré la très faible participation, des maires albanais ont été élus et intronisés la semaine dernière, ce qui a mis le feu aux poudres dans le nord. Les Serbes du Kosovo ont notamment tenté de forcer la porte d'entrée de la mairie de Zvecan avant d’être repoussés par la Force internationale au Kosovo emmenée par l’Alliance atlantique (KFor). Des dizaines de blessés sont à déplorer des deux côtés. Au lendemain des heurts, l’Otan a annoncé déployer des forces supplémentaires “pour maintenir la sécurité conformément au mandat confié par le Conseil de sécurité de l’ONU”, est-il précisé dans un communiqué.

Les joueurs et la neutralité politique

Le Kosovo est reconnu par une centaine de pays, surtout en Occident, mais pas par la Serbie. A l’instar de Novak Djokovic, de nombreux Serbes estiment que le Kosovo est leur berceau national et religieux. "Je ressens une responsabilité supplémentaire en tant que personnalité publique et en tant que fils d'un homme né au Kosovo d'apporter mon soutien à tout le peuple serbe, a précisé le tennisman. C'est le moins que je puisse faire. Je ne suis pas un politicien et je n'ai pas l'intention d'engager un débat."

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La Russie et la Chine non plus ne reconnaissent pas cet Etat, ce qui lui empêche d’avoir un fauteuil à l’ONU. Le territoire fait tout de même partie du Comité international olympique. Et pour le Comité olympique kosovare, le joueur de tennis "a violé les principes du sport, les principes fondamentaux de la Charte du CIO sur le plan de la neutralité politique" avec sa déclaration. La Fédération internationale de tennis (ITF) a également réagi et a souligné mercredi que "les déclarations politiques" de joueurs n'étaient pas interdites.

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