Qui étaient Roland Garros, Suzanne Lenglen, Philippe Chatrier et Simonne Mathieu ?

Les courts de tennis Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen et Simonne-Mathieu doivent leurs noms à des personnalités qui ont marqué l'histoire du tennis (crédit : getty image)
Les courts de tennis Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen et Simonne-Mathieu doivent leurs noms à des personnalités qui ont marqué l'histoire du tennis (crédit : getty image)

Les amateurs de tennis vont prendre place dans les tribunes des courts Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen ou encore Simonne-Mathieu jusqu'au 11 juin 2023 à Roland-Garros. Mais pourquoi les courts s’appellent-ils ainsi ?

Le tournoi de Roland-Garros a officiellement commencé dimanche 28 mai 2023 et promet de nombreux rebondissements. Les amateurs de tennis pourront voir jouer, entre autres, Novak Djokovic, Carlos Alcaraz ou Iga Swiatek sur les courts Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen ou encore Simonne-Mathieu. Mais à qui les courts de tennis doivent-ils leurs noms ? Et pourquoi le tournoi de Roland-Garros porte-t-il le nom d’un célèbre aviateur qui n’a pratiquement jamais touché la petite balle ronde ?

L’histoire de Roland Garros

Portrait du célèbre aviateur et pilote de chasse français pendant la Première Guerre mondiale, Roland Garros, posant en Tunisie après avoir traversé la Méditerranée par voie aérienne en septembre 1913. (Photo by AFP)
Portrait du célèbre aviateur et pilote de chasse français pendant la Première Guerre mondiale, Roland Garros, posant en Tunisie après avoir traversé la Méditerranée par voie aérienne en septembre 1913. (Photo by AFP)

Né à Saint-Denis de la Réunion le 6 octobre 1888, diplômé de HEC et passionné d’aviation, Roland Garros est connu pour avoir effectué la première traversée de la Méditerranée en 7 heures et 53 minutes, le 23 septembre 1913. Un exploit qui fait de lui “l’un des chouchous de tout Paris”, note le site dédié au tournoi du Grand Chelem parisien. Le poète et cinéaste Jean Cocteau deviendra notamment son ami à cette période.

Roland Garros s’engage dans l’armée au début de la Première Guerre mondiale et utilise ses connaissances pour développer un système de tir à travers l’hélice d’un chasseur monoplace. Après trois victoires, son avion est touché début avril 1915 et il est fait prisonnier par les Allemands. Il réussit à s’échapper trois ans plus tard, déguisé en officier. Sa santé dégradée, le président du Conseil Clémenceau lui propose de devenir conseiller, mais Roland Garros choisit de repartir au combat. Il est finalement tué le 5 octobre 1918, à la veille de ses 30 ans, alors qu’il volait au-dessus des Ardennes.

Comment un homme aussi valeureux soit-il, mais à ce point éloigné du tennis a-t-il pu laisser son nom au plus grand tournoi de tennis sur terre battue ? La réponse est à chercher du côté d’un autre de ses amis, Emile Lesieur. En 1927, l’équipe française des Mousquetaires composée de Henri Cochet, René Lacoste, Jean Borotra et Jacques Brugnon remportent pour la première fois la Coupe Davis aux Etats-Unis. Mais les vainqueurs, qui doivent accueillir la compétition l’année suivante sur leurs terres, n’ont pas de terrain à la hauteur de l’évènement. Le Stade français cède alors trois hectares de terrain dédiés à la construction d’un nouveau stade. Le président, Emile Lesieur, ancien camarade de HEC de Roland Garros, qui avait parrainé son entrée au Stade français, fait alors des pieds et des mains pour que le nouveau stade de tennis prenne le nom de son ami décédé 10 ans plus tôt. La requête est acceptée.

L’histoire de Philippe Chatrier

Le ministre français des Sports, Jean Pierre Soisson (à gauche), et le président de la Fédération française de tennis, Philippe Chatrier (à droite), lors d'une conférence de presse à Paris le 6 juin 1980.  (Photo by AFP)
Le ministre français des Sports, Jean Pierre Soisson (à gauche), et le président de la Fédération française de tennis, Philippe Chatrier (à droite), lors d'une conférence de presse à Paris le 6 juin 1980. (Photo by AFP)

L’ancien “Court central”, le plus grand de Roland-Garros, date de 1928. Mais ce n’est qu’en 2001, un an après la mort de Philippe Chatrier que le court prend son nom. L’homme né le 2 février 1928 a été joueur de tennis avant de raccrocher la raquette, en 1953, pour prendre la plume. Le journaliste est notamment à l’origine de la revue “Tennis de France”. Il oeuvre notamment pour l’ouverture de l’ensemble des tournois du Grand Chelem aux joueurs amateurs.

En 1969, il met la casquette de capitaine de l’équipe de Coupe Davis, avant de prendre, en 1972, la tête de la Fédération française de tennis pour 20 ans, et celle de la Fédération internationale de tennis, pour 14 ans. C’est à lui que l’on doit le retour du tennis au programme des Jeux olympiques de Séoul en 1988.

L’histoire de Suzanne Lenglen

Suzanne Lenglen (photo non datée / AFP)
Suzanne Lenglen (photo non datée / AFP)

Le deuxième plus grand court de tennis de Roland-Garros est sorti de terre en 1990, avec l’aval du maire de Paris de l’époque, Jacques Chirac. Deux des survivants des Mousquetaires proposent de le renommer court Suzanne Lenglen en l’honneur de la pionnière du tennis féminin professionnel, raconte France inter.

Surnommée “La divine”, Suzanne Lenglen marque l’histoire du tennis dès l’âge de 15 ans où elle atteint la finale des Internationaux de France, ancêtre de Roland-Garros. A tout juste 20 ans, elle s’impose à Wimbledon, le début d’un palmarès impressionnant. Tout au long de sa carrière, la championne de tennis a remporté pas moins de 241 tournois, 24 titres en Grand Chelem et 3 médailles olympiques. La championne de tennis a aussi laissé sa patte sur les tenues vestimentaires des joueuses, passant de la jupe longue à la jupe plissée, dessinée par le couturier Jean Patou. Après avoir mis un point final à sa carrière, Suzanne Lenglen a créé une école de tennis destinée à former les générations futures. La championne décède d’une leucémie foudroyante en 1938, à seulement 39 ans.

L’histoire de Simonne Mathieu

Helen Jacobs (à droite) et Simonne Mathieu (à gauche) lors de la finale du double dames des championnats de France de tennis au stade Roland Garros, en mai 1934. (Photo by AFP)
Helen Jacobs (à droite) et Simonne Mathieu (à gauche) lors de la finale du double dames des championnats de France de tennis au stade Roland Garros, en mai 1934. (Photo by AFP)

Le dernier grand court de Roland-Garros en termes de capacité s’appelle Simonne-Mathieu depuis 2019, en hommage à la grande championne de tennis des années 30. Née le 31 janvier 1908 à Neuilly-sur-Seine, Simonne Mathieu est la joueuse française la plus titrée après Suzanne Lenglen. Elle a notamment remporté deux fois le tournoi de Roland-Garros en 1938 et 1939 et possède 13 titres de Grand Chelem. Son ascension sportive a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale, mais pas sa combativité. La championne de tennis s’est engagée dans la résistance aux côtés de De Gaulle avant de devenir responsable du corps féminin des Françaises volontaires au sein de la France libre. Après la Libération, elle revient vers ses premiers amours et prend la tête de l'équipe de France féminine de tennis de 1949 à 1960. Elle occupe plus tard le poste de présidente de la commission féminine de la Fédération française de tennis.

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