« Dissolution », le mot sur toutes les lèvres après l’échec de Gérald Darmanin sur le projet de loi immigration

POLITIQUE - Une dissolution, vraiment ? Ce mardi 12 décembre, 24 heures après le camouflet infligé au camp présidentiel sur son projet de loi immigration, le spectre d’une recomposition de l’Assemblée nationale plane, entre ceux qui la réclament et ceux qui, sans la demander, se disent « prêts » à retourner en campagne.

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella n’y est pas allé par quatre chemins. « Face à cette crise politique majeure, il faut revenir au peuple. Et l’un des moyens de revenir au peuple, qui est en démocratie le souverain ultime, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale » , a-t-il déclaré sur BFMTV-RMC, soutenu par l’ensemble des députés RN.

Ailleurs dans l’échiquier politique, rares sont ceux qui réclament aussi clairement de nouvelles élections législatives. Quelques heures seulement après le vote de la motion de rejet préalable, le fondateur de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon évoquait bien l’option sur son blog, la présentant comme « la vraie solution ». Toutefois, en conférence de presse ce mardi, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a précisé que son groupe n’appelait « pas particulièrement » à une dissolution, arguant que « la Macronie doit se rappeler de ce qui s’appelle la démocratie. » Néanmoins, « dans le cas où le président de la République voudrait sortir par le haut de l’impasse et de la crise politique dans lequel ils ont mis le pays et qu’il voudrait retourner devant les urnes, évidemment nous y sommes prêts », assure-t-elle.

Côté écologiste, le député Génération.s Benjamin Lucas a déclaré ce 12 décembre sur Sud Radio « ne pas avoir d’avis » sur la question, tout en doutant de la capacité du camp présidentiel à obtenir une majorité. « Si la dissolution arrive, je souhaite que la gauche et les écologistes (...) soient en capacité de présenter une alternative », souligne-t-il, tout en se disant, lui aussi « prêt » à repartir en campagne si nécessaire.

« Pas d’accord », la majorité fait valoir son bilan

Interrogé à l’issue du Conseil des ministres mardi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a sans surprise dit « ne pas être en accord » avec la demande du président du RN. « Les Français ont souhaité qu’on ne puisse pas décider seuls, moi, c’est ainsi que j’entends le message politique envoyé par les Français en juin 2022 » , a complété Olivier Véran défendant encore le principe de majorité relative, malgré les difficultés.

Pour prouver qu’une dissolution n’est pas nécessaire, le camp présidentiel fait valoir son bilan depuis les élections. « On a passé une quarantaine de textes en un an et demi », a souligné la députée Renaissance des Hauts-de-Seine Maud Bregeon sur RMC. « À titre personnel, je n’ai absolument pas peur d’aller aux élections. Le suffrage universel n’est absolument pas honteux, si demain il faut retourner aux urnes, je retournerai aux urnes », assure-t-elle, sur la même ligne que son collègue Karl Olive.

Chez Les Républicains, en revanche, l’éventualité d’un retour devant les urnes est beaucoup moins bien acceptée. « C’est l’apanage du président de la République, c’est sa décision », évacue le président des députés Olivier Marleix sur LCI. « C’est assez étonnant cette façon qu’a le gouvernement, si on n’obéit pas au doigt et à l’œil et qu’on n’a pas le petit doigt sur la couture du pantalon, c’est la menace de la dissolution. Si le président considère qu’il y a une crise majeure dans le pays, il y a d’autres solutions », avance-t-il avant d’aller jusqu’à évoquer une drôle d’option : « la remise en cause de son propre mandat »…

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