Disparition de Delphine Jubillar : les incohérences de son mari, placé en garde à vue

Cédric Jubillar participant à une battue organisée par la gendarmerie le 23 décembre 2020, une semaine après la disparition de sa femme.

Six mois après la disparition en pleine nuit de Delphine Jubillar, une jeune infirmière d'Albi (Tarn) âgée de 33 ans, son mari a été placé en garde à vue. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à lui suite à plusieurs "incohérences" dans son récit. Explications.

Le 16 décembre 2020 au matin, Cédric Jubillar signale la disparition dans la nuit de sa femme Delphine. Selon lui, son épouse est sortie promener leurs deux chiens aux alentours de 23 heures et n'est jamais rentrée au domicile familial de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. La veille au soir, la petite fille de 18 mois est déjà couchée et son frère de 6 ans regarde la télé avec sa mère. Sur les coups de 22 heures, Cédric Jubillar monte se coucher. Il est réveillé à 4h par les pleurs de sa fille et réalise que sa femme a disparu, selon son récit.

Six mois plus tard jour pour jour, l'homme est interpellé sur son lieu de travail et placé en garde à vue, ainsi que sa mère et son beau-père. Un rebondissement dans cette affaire puisqu'aucun indice, aucune interpellation et aucune trace de l'infirmière de 33 ans n'avaient permis de faire avancer une enquête qui semblait être au point mort depuis plusieurs mois.

Un activité sur son téléphone portable tard le soir

Malgré cette absence notable d'indices sur le disparition de la jeune femme, les enquêteurs n'ont cessé de travailler sur les témoignages recueillis, la téléphonie ainsi que l'analyse du comportement du peintre-plaquiste de 33 ans, considéré depuis le départ comme un suspect. Les enquêteurs lui reprochent des incohérences dans son récit de cette fameuse nuit du 15 au 16 décembre 2020. La première concerne son téléphone portable, où une activité a été constatée par les enquêteurs tard le soir de la disparition alors que l'homme prétend s'être couché aux alentours de 22 heures. De plus, après 6 mois d'enquête et de nombreuses auditions de proches et témoins, les enquêteurs se sont aperçus que de nombreuses déclarations et preuves allaient à l'encontre du récit de Cédric Jubillar.

La situation du couple a également alerté les policiers. Ces derniers se sont aperçus qu'il s'agissait d'un couple en pleine crise, en cours de séparation et que Delphine avait rencontré un autre homme à l'été 2020. Dans un témoignage accordé au Parisien, cet amant baptisé "le confident de Montauban" par les enquêteurs affirme que Delphine lui a envoyé une photo le soir de sa disparition, juste avant 23 heures, "sur laquelle elle apparaissait en tenue de nuit, douchée et prête à aller se coucher." Un cliché qui fait douter les enquêteurs concernant la version du mari selon laquelle l'infirmière est sortie promener ses chiens vers 23 heures.

Une dispute aurait éclaté le soir de la disparition

De plus, les gendarmes sont persuadés que le soir de la disparition, une dispute a éclaté entre les époux Jubillar au sujet de la décision de la jeune femme de le quitter pour son amant, alors que Cédric a toujours nié être au courant de cette relation avant la disparition de sa femme. Interrogé durant sa garde à vue sur sa connaissance de l'existence de cette liaison, l'homme "n'a pas bronché à ce sujet". Selon les informations du Parisien, les enquêteurs ont également retrouvé sur le téléphone de Cédric des captures d'écran extraites du smartphone de Delphine, où l'on voit le profil de "l'amoureux de Montauban" sur un réseau social, preuve qu'il était au courant de l'existence de cette liaison.

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C'est également les conditions dans lesquelles l'infirmière a disparu qui interrogent les enquêteurs. Tout comme ses proches, les investigateurs s'étonnent que la jeune femme parte promener ses chiens en pleine nuit, 10 jours avant Noël, alors qu'elle avait peur du noir et qu'elle ne promenait jamais ses chiens seule. La thèse d'un départ volontaire, évoquée par Cédric Jubillar, ne collerait pas non plus avec la personnalité de Delphine.

La garde à vue prolongée de 24 heures

Si la garde à vue de Cédric Jubillar n'intervient que 6 mois après les faits, les enquêteurs sont sur la piste du féminicide depuis de nombreux mois. Dès le début du mois de janvier, la maison familiale a été longtemps perquisitionnée et passée au peigne fin pour trouver d'éventuelles traces de sang. Il y a quelques semaines, le peintre-plaquiste avait pourtant été entendu en tant que partie civile et victime par le juge d'instruction, mais il pourrait d'agir d'une stratégie d'enquête pour qu'il baisse la garde, selon le Parisien.

À ce jour, les enquêteurs ont donc des soupçons mais toujours aucune preuve pouvant incriminer Cédric Jubillar, toujours présumé innocent. Mais ces derniers comptent sur cette garde à vue, qui vient d'être prolongée de 24 heures, pour que l'homme de 33 ans s'explique sur ces nombreuses incohérences.

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