Disparition d’Émile au Haut-Vernet : où en est l’enquête, huit mois après les faits ?

Une « mise en situation » est organisée ce jeudi 28 mars dans le hameau des Alpes-de-Haute-Provence où le petit Emile a disparu en juillet 2023 (photo d’illustration dans une chapelle de La Bouilladisse où résidait l’enfant)
CHRISTOPHE SIMON / AFP Une « mise en situation » est organisée ce jeudi 28 mars dans le hameau des Alpes-de-Haute-Provence où le petit Emile a disparu en juillet 2023 (photo d’illustration dans une chapelle de La Bouilladisse où résidait l’enfant)

FAIT DIVERS - C’est une affaire dont, à l’image de la mort du petit Grégory Villemin il y a 40 ans, les mystères et les zones d’ombre fascinent. Le petit Émile, 2 ans et demi, a disparu depuis le 8 juillet 2023 au Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ce jour-là, le bambin issu d’une famille catholique particulièrement soudée est vu pour la dernière fois vers 17 h 15 dans l’unique rue du hameau par deux voisins aux récits contradictoires.

Disparition d’Émile : ses parents dénoncent le traitement médiatique de l’affaire, mais gardent espoir

Pour détecter d’éventuelles incohérences dans les témoignages et tenter de faire avancer les investigations, les enquêteurs organisent ce jeudi 28 mars une « mise en situation » au Haut-Vernet. Préparée depuis plusieurs jours, elle aura lieu dans un hameau rendu complètement « hermétique » au monde extérieur afin que « les enquêteurs et magistrats puissent travailler dans d’excellentes conditions », a expliqué le commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence Pierre-Yves Bardy à l’antenne locale de BFMTV.

Concrètement, l’opération prévue ce jeudi 28 mars réunira des « personnes qui étaient là au moment des faits », selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. Prévue de longue date, elle doit « durer une bonne partie de la journée », précise à l’agence de presse Isabelle Colombani, l’avocate du grand-père d’Émile, qui avait la garde du garçon le jour de sa disparition. « Toute la famille » de l’enfant et « une grande partie du village » y participeront, souligne l’avocate.

Il ne s’agit toutefois pas d’une reconstitution, qui consiste à mettre un suspect face à ses déclarations sur le déroulement des faits. Et pour cause : depuis huit mois, l’enquête de la gendarmerie n’a pas permis d’identifier un ou des suspects dans la disparition d’Émile. Il n’y a pas eu de mise en examen dans le dossier, ni même de mesure de garde à vue depuis juillet.

Enquête pour enlèvement et séquestration

Accident, chute, enlèvement ? Aucune hypothèse n’a pourtant été écartée par les enquêteurs, même si celle de la chute mortelle s’est étiolée après de multiples battues organisées dans les environs du hameau, lors desquelles aucun corps n’a été retrouvé. D’abord ouverte pour disparition inquiétante en juillet dernier, l’enquête avait rapidement été confiée à deux juges d’instruction d’Aix-en-Provence puis requalifiée en motifs criminels pour « enlèvement » et « séquestration ».

La piste du grand-père maternel d’Émile, décrit comme colérique et dont le nom était apparu dans une enquête sur des violences et agressions sexuelles présumées au sein d’un établissement scolaire privé religieux dans le Pas-de-Calais au début des années 1990, reste à ce jour étudiée « au même niveau » que les autres, a précisé à l’AFP la source proche du dossier.

Car les pistes ont été nombreuses au cours des derniers mois. Étudiée à la mi-mars, celle des ouvriers ayant effectué des travaux dans une maison voisine le jour de la disparition « n’est pas totalement refermée » mais n’a donné pour l’heure aucun « élément probant », rapporte BFMTV.

Exploitation des données numériques

Les nombreuses perquisitions réalisées dans cette affaire depuis la disparition du garçonnet – notamment en octobre dernier chez un jeune agriculteur de 17 ans qui s’était disputé le matin même avec le grand-père d’Émile – n’ont pas conduit à des gardes à vue. « Près de 900 signalements ont été traités ou écartés » et « les opérations de police technique et scientifique systématiques de toute trace utile ont conduit à la réalisation de près de 300 scellés », indiquait il y a quelques mois une source proche de l’enquête à l’AFP.

En début d’année 2024, l’enquête était « toujours très active », soulignait le procureur de la République d’Aix-en-Provence auprès de l’AFP. « Elle ne patine pas, seulement, elle a pris une autre forme, plus technique, puisque l’enquête de terrain n’a pas permis de déterminer pourquoi et comment l’enfant avait disparu », expliquait alors Jean-Luc Blachon.

Les enquêteurs de la gendarmerie exploitent en effet depuis plusieurs mois « l’ensemble des éléments recueillis », en particulier un volume important de données numériques et de téléphonie des personnes ayant borné sur place ou aux alentours. Dans l’espoir qu’une nouvelle piste se dessine à l’issue de la journée de ce jeudi 28 mars.

À voir également sur Le HuffPost :

« Rendez-le-nous ! » : l’appel vibrant des parents d’Émile à « celui ou ceux qui savent ce qui lui est arrivé »

Agression antisémite à Paris : un sexagénaire insulté et frappé à la sortie d’une synagogue, Darmanin dénonce un « acte inqualifiable »