"On disait qu'on était des potiches": comment le rôle des hôtesses du "Juste Prix" a évolué

Alors que Le Juste Prix fait son retour à l'antenne, ce lundi 11 mars sur M6, Frédérique Le Calvez et Sonia Fillaud Dubois, anciennes hôtesses du jeu dans les années 1980 et 1990, reviennent sur leur parcours dans l'émission.

Près de 40 ans après ses débuts à l'antenne, Le Juste Prix, jeu emblématique de la télévision française, fait son grand retour sur M6 ce lundi 11 mars à 17h30. Présentée par Éric Antoine, cette nouvelle version va satisfaire les téléspectateurs du programme d'origine, avec un retour aux fondamentaux du jeu apparu en 1987 sur TF1, animé alors par Patrick Roy.

Ainsi, les fans de l'émission pourront retrouver plusieurs épreuves phares telles que Le Tyrolien, Le Fakir, La caisse enregistreuse ou Le mini-golf. Mais le programme a également été dépoussiéré. Exit les hôtesses, ces mannequins chargées de présenter les épreuves et les cadeaux aux candidats, rebaptisées "Gafettes" sous l'ère Vincent Lagaf'.

Ces hôtesses ont laissé la place à un duo mixte de jeunes comédiens Caroline Agboton et Julien Lassus, surnommé la "Team Cadeau". Sur le plateau, ils seront épaulés par Vincent Piguet, comédien célèbre pour sa "Cheu-Cheu synchro" à La France à un Incroyable Talent.

Une volonté de M6 et d'Éric Antoine de "ressembler un peu plus à la société d'aujourd'hui", précise auprès de BFMTV.com Pierre-Guillaume Ledan, directeur général adjoint des programmes en charge des programmes de flux chez M6.

"Ils vont présenter les objets à estimer et la vitrine en se mettant en situation de manière simple et drôle comme un couple dans la vie. Il y a un jeu de rôle entre eux qui est assez sympathique et qui amène vraiment de la nouveauté et de la fraîcheur sur le plateau", ajoute Pierre-Guillaume Ledan.

"On était un peu le Père Noël pour les gens"

Cette nouvelle version du Juste Prix, Sonia Fillaud Dubois et Fréderique Le Calvez vont la suivre avec attention. Aujourd'hui respectivement devenues psychothérapeute et artiste peintre-productrice de spectacles, ces deux anciennes hôtesses de l'émission, se souviennent avec fierté de leur participation au programme dans les années 1980-90.

"J'avais fait pas mal de télé avant, avec Eddy Mitchell, Christophe Dechavanne... et j'étais mannequin", se souvient Sonia Fillaud, qui a rejoint le jeu l'année de son lancement en 1987. "TF1 cherchait à remplacer une hôtesse du Juste Prix qui avait eu une proposition sur la 2 donc j'ai passé les castings et j'ai été prise tout de suite".

"On me l'a présenté comme quelque chose de joyeux puisque on était un peu le Père Noël pour les gens. Donc je me suis dit: 'pourquoi pas'. Et au final, j'y suis restée 11 ans", poursuit-elle.

Frédérique Le Calvez est, elle, arrivée en tant qu'hôtesse du Juste Prix en 1995 grâce à un "hasard complet". "J'étais au lycée, j’avais 17 ans, je passais mon bac et je n'étais pas du tout dans le métier", confie-t-elle à BFMTV.com.

"Je me suis retrouvée à passer un casting, ma foi très détendue, avec la fougue de la jeunesse et à mon grand étonnement, j'ai été choisie. (...) À l'époque, les hôtesses étaient formatées sur l'émission américaine et ils cherchaient un peu de fraîcheur", ajoute l'ancienne hôtesse, qui a ensuite officié comme co-présentatrice de La Roue de la Fortune avec Olivier Chiabodo, avant de quitter le monde de la télévision.

"On disait qu'on était des potiches"

Une fois castées pour l'émission, les deux femmes disent avoir eu une "liberté totale" sur le plateau de l'époque. "On faisait cinq émissions par jour et à chaque fois on découvrait le décor le matin même et on pouvait improviser absolument ce qu'on voulait. On nous faisait confiance", indique Sonia Fillaud Dubois.

"Dominique Pivain (ancienne hôtesse, NDLR) nous attribuait les rôles sur les conduites et c'était de l'improvisation, on pouvait même proposer des idées", note Fréderique Le Calvez.

Selon l'artiste et productrice de spectacles, cette liberté et ce naturel ont toutefois valu aux hôtesses de l'émission une "carte de naïves". "Pour être méchant, on disait qu'on était des potiches", indique-t-elle. Des critiques que Frédérique et Sonia "comprennent", même si elles assurent ne s'être "jamais senties potiches" sur le plateau du Juste Prix.

"J'assume complètement d'avoir été hôtesse. Je sais qu'on peut mal le vivre et s’en excuser mais moi je trouve que c'était tout à fait honorable (...) parce que c'était plus difficile que ce que les gens pouvaient imaginer", assure Sonia Fillaud Dubois.

"C'était à nous de créer une petite atmosphère ou un petit scénario pour chaque objet. On ne nous indiquait pas quoi faire. (...) C'est comme être mannequin, on ne parle pas donc il faut bien s'exprimer autrement, avoir des petites mimiques. Il y a un jeu, c'est pas neutre. Et même si ça paraît basique finalement ce n'est pas si évident", affirme la psychothérapeute.

Et d'ajouter: "Et puis on parle beaucoup de harcèlement aujourd'hui mais nous on n'a jamais vécu ça. On était super protégées. Je m'aperçois qu’on n'a pas vraiment eu de de choses déplacées. On nous respectait."

"On ne pouvait plus laisser des filles en minijupes présenter les machines à laver"

"J'ai adoré être hôtesse au 'Juste Prix' et j’en suis très fière", abonde Frédérique Le Calvez. "Je n'en ai jamais souffert parce que j’estimais que j'avais beaucoup de chances de passer à la télé. Même si on se rend bien compte qu'il y avait quand même un problème d'image puisque notre rôle a beaucoup changé après".

Arrivée au Juste Prix au milieu des années 90, l'artiste et productrice de spectacles dans le Rhône constate aujourd'hui avec du recul l'évolution de son rôle à l'écran en comparaison avec ses prédécesseures.

"Quand j'ai commencé, on n'avait pas d'identité, on était juste des femmes habillées pareil. Il y avait la blonde, la brune, etc. Mais petit à petit la place de la femme et son image ont évolué pour sortir du cliché de la potiche", relève Frédérique Le Calvez.

"On ne pouvait plus laisser des filles en minijupes présenter les machines à laver. Il était déjà question d'émancipation et de rôles un peu plus valorisant", souligne l'ancienne hôtesse.

Parmi les changements majeurs, Frédérique Le Calvez a ainsi été l'une des premières hôtesses de l'émission à avoir accès à un micro pour intervenir lors du jeu. Autre amélioration: les tenues. "Assez vite on a aussi eu le droit de choisir nos vêtements et après ça on a eu le droit d'avoir beaucoup plus de personnalité affirmée tout au long du jeu", rapporte-t-elle.

"Je ne vois pas comment ils auraient pu remettre des hôtesses"

Si Sonia Fillaud Dubois et Frédérique Le Calvez ont quitté Le Juste en Prix respectivement en 1998 et en 2001, l'émission a encore continué à évoluer après leur départ. Ainsi, à la fin des années 2000, le jeu mythique désormais animé par Vincent Lagaf' a notamment mis en scène son premier hôte, appelé 'Gaffeur', Nikolas Nerr, un coach sportif choisi pour incarner le rôle du "beau gosse sportif de l'émission".

"On a fait cette proposition à la chaîne, car on s'est aperçu que dans la version américaine qui cartonne, il y avait un mec. Alors pourquoi ne pas s'inspirer de ce qui marche", expliquait à TéléStar en 2015 le directeur de la production du jeu à l'époque Bruno Henriquet.

Mais pour son retour sur M6 en 2024, la production du Juste Prix a misé sur un duo mixte. Un choix "évident" selon Frédérique Le Calvez.

"L'émission veut être en rapport avec son temps donc je ne vois pas comment ils auraient pu remettre des hôtesses comme avant. Aujourd'hui, on fait beaucoup plus attention à l'image de la femme, ça aurait été réducteur", affirme l'ancienne hôtesse qui regrette toutefois un manque "d'inclusion" dans le casting.

Désormais retirées du monde de la télévision, Sonia Fillaud Dubois, psychothérapeute et Frédérique Le Calvez, qui produit le spectacle 20 ans après à Violay, seront néanmoins au rendez-vous devant leur poste ce lundi 11 mars à 17h30 pour découvrir la nouvelle version du Juste Prix.

"Je vais regarder avec ma fille qui est mannequin. D'ailleurs, le casting de cette saison est terminé mais j'aurais trouvé drôle qu'elle se retrouve hôtesse dans l'émission", sourit Sonia Fillaud Dubois.

"Mes enfants sont des ados et sont passés un peu à travers 'Le Juste Prix' donc je suis super fière, je vais pouvoir leur montrer ce que j'ai fait avant", conclut Frédérique Le Calvez.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Retour du "Juste prix" sur M6 : deux anciennes hôtesses de l'émission racontent