Comment dire à ses amis qu’on ne supporte pas leur partenaire ?

Une amitié solide peut changer du tout au tout quand l’un d’entre vous se met en couple avec une personne que l’autre n’apprécie pas.
Une amitié solide peut changer du tout au tout quand l’un d’entre vous se met en couple avec une personne que l’autre n’apprécie pas.

AMITIÉ - « J’ai été très cash. Et ça a mis un froid entre nous. » Lorsque l’un de ses meilleurs amis lui a demandé ce qu’il pensait de sa relation avec sa copine, Maxence* a choisi la franchise. Une décision qui n’a pas été sans conséquences. Après coup, il regrette un peu : « Si c’était à refaire, je serais beaucoup plus dans la suggestion. Car les amitiés valent plus que les bons conseils. »

Le jeune homme de 26 ans s’est retrouvé dans une situation délicate : dire à son ami qu’il ne portait pas sa partenaire dans son cœur. Une conversation qui soulève de multiples enjeux. Le HuffPost a recueilli les témoignages de personnes confrontées à des situations similaires afin de savoir comment aborder ce sujet.

Selon la psychiatre et psychothérapeute Christine Barois, que nous avons contactée par téléphone, la mise en couple d’un ami peut « générer une forme de jalousie, une angoisse d’abandon ». Mais il y a plein d’autres raisons de ne pas aimer leur partenaire : « si l’autre ne correspond pas à nos valeurs et à nos idéaux, s’il traite mal notre ami(e), s’il a des comportements irrespectueux… »

« Je sais qu’il n’est pas bien »

Pour Maxence, c’est la manière dont cette fille a traité son ami qui ne passe pas. Elle l’a quitté du jour au lendemain, et son ami en a beaucoup souffert. Alors, quand le couple s’est remis ensemble quelque temps plus tard, Maxence a eu du mal à le digérer.

« Mon pote n’a pas eu assez de temps pour réfléchir et l’a accueillie à bras ouverts. Ça me rend triste pour lui, car je sais qu’il n’est pas bien », détaille-t-il.

Quand son ami lui a demandé son opinion sur cette réconciliation, Maxence a décidé « de lui amener un point de vue rationnel ». Un parti pris difficile à accepter pour celui qu’il voulait conseiller. L’incompréhension entre les deux vingtenaires s’est installée et ils ne se sont plus parlé pendant un mois. « Je pense qu’il avait besoin de digérer », estime aujourd’hui Maxence, qui s’est depuis à nouveau rapproché de son ami.

Quid de la suite ? « Je pense que mon pote ne me dit plus les choses qui se passent avec elle. Et il n’a pas envie de prévoir des moments à plusieurs car il veut éviter le malaise. Avec elle, je ferai le strict minimum de politesse et de respect. Mais je n’ai pas envie de faire d’efforts. »

Être honnête et factuel

Alors autant ne pas aborder le sujet ? « Qu’on le fasse ou pas, on a peur de l’éloignement », selon Christine Barois. C’est ainsi par peur de perdre un peu plus sa meilleure amie que Marion* a choisi de ne pas lui dire ce qu’elle pensait de sa relation et de son partenaire : « c’est à double tranchant. Si je lui en parle, j’ai peur qu’elle se vexe, ou que son homme lui fasse la gueule quand elle voudra me voir et que ça lui retombe dessus. »

Pour Christine Barois, en général, « il ne faut donner son avis que si on nous le demande ». À ceux qui décident d’en parler, la psychiatre conseille d’adopter une méthode de communication non-violente, en étant « très factuel ». Selon elle, « on n’est pas obligé de dire tout ce que l’on pense. Mais on peut être honnête, dire pourquoi on est mal à l’aise sans être dans la critique. »

Car après une telle conversation, les risques de s’éloigner, voire de perdre son ami, sont réels. Linn, une agente immobilière de 22 ans, peut en témoigner : elle ne fréquente plus sa meilleure amie depuis que celle-ci s’est « enfermée » dans une relation avec quelqu’un qui « a une très mauvaise influence sur elle ».

« Elle a commencé par me voir de moins en moins, puis par ne plus vouloir sortir faire la fête, puis elle ne m’écrivait presque plus », relate-t-elle. Quand elle lui en parle, Linn se heurte à un mur : « elle ne supportait pas que je puisse lui dire que son couple prenait toute la place. Elle rejetait toute remarque de ma part. »

Un exercice d’équilibriste

Cet exercice d’équilibriste peut malgré tout accoucher d’une issue positive. La preuve en est, Roman* a réussi par deux fois à aborder ce sujet. D’abord avec une amie bloquée dans une relation toxique qui avait pour habitude de se confier à lui : « Son mec lui faisait du chantage affectif, elle m’appelait en pleurant… Je l’ai détesté à travers ce qu’elle me racontait. »

« Quand il était là, je ne faisais pas d’effort. Il me mettait mal à l’aise, il ne disait rien et fumait ses clopes dans son coin. Je disais à ma pote qu’il n’était pas bien pour elle », se rappelle-t-il. Son amie a aujourd’hui rompu avec ce partenaire et leur relation ne s’est pas dégradée : « Elle avait conscience du problème. Ça facilite quand même les choses. »

L’autre fois a été plus compliquée à gérer. Quand Roman a des réserves sur la nouvelle copine de l’un de ses meilleurs amis, ce dernier se crispe : « lui était mal à l’aise à l’idée que je juge son couple. Sa copine était dans une mécanique de défiance vis-à-vis de moi et de notre trio d’amis », explique-t-il, avant de reconnaître qu’il « était un peu dans le jugement ».

Ils n’en parlent pas pendant longtemps et s’éloignent. Mais suite à une discussion, les deux amis s’expliquent avec franchise et s’excusent. Aujourd’hui, Roman a pris de la distance avec la situation : « on choisit nos amis mais pas leurs partenaires. On te les impose un peu mais il faut faire un effort. Il ne faut pas exprimer des réserves trop fortes car la personne doit expérimenter. Sans pour autant tout accepter. »

*Ces prénoms ont été modifiés

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