Ces dinosaures qui venaient du froid
Les découvertes d'ossements de dinosaures se multiplient en Alaska. Les paléontologues tentent de comprendre comment ces animaux ont réussi à s'adapter à cet environnement hostile, marqué par des nuits de plusieurs mois.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°921, daté novembre 2023.
En plein hiver polaire, au cœur de l'Alaska, aux États-Unis, Nanuqsaurus hoglundi, "lézard ours blanc" en inuit, est parti chasser. Ce dinosaure de la famille des tyrannosauridés, qui mesurait près de 6 mètres de la queue au museau, affronte sans doute les conditions les plus rudes de la Terre de la fin du crétacé, il y a 70 millions d'années : la nuit est tombée depuis plusieurs semaines, une tempête de neige souffle et les proies se font rares.
Il s'est pourtant aventuré dans ce milieu hostile et avec lui de nombreux autres dinosaures tels que des hadrosaures à bec de canard, des cératopsiens à cornes ou encore des droméosauridés à l'allure d'oiseaux… Tous sont des résidents permanents de l'Alaska. "Nous savons qu'ils n'étaient pas simplement de passage puisque nous avons trouvé des traces de nids, d'ossements ainsi que de minuscules dents appartenant à de très jeunes individus de plusieurs espèces différentes ", raconte Patrick Druckenmiller, paléontologue à l'Université de l'Alaska de Fairbanks. Une véritable maternité pour dinosaures découverte dans la formation de Prince Creek, au nord de l'État, à l'été 2021.
Os et dents de plusieurs bébés dinosaures trouvés à Prince Creek, en Alaska (échelle d'un penny de 19 mm de diamètre). Crédit : Patrick Druckenmiller
Une surprise, car même si "le climat était plus chaud qu'aujourd'hui, sans calotte glaciaire et avec des températures qui atteignaient 10 ou 15 °C l'été, celles-ci chutaient sous zéro l'hiver. De plus, l'Alaska était alors très proche du pôle Nord géographique : la nuit polaire aurait été encore plus longue qu'elle ne l'est aujourd'hui ", explique François Therrien, du musée royal Tyrrell, en Alberta (Canada). Mais depuis les années 1980, les paléontologues extirpent de nombreux os de cette inhospitalière région, dont certains appartenant à un crâne ont permis de définir l'holotype de Nanuqsaurus, en 2014. Et le[...]
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