Les difficultés pour lire et écrire concernent 10 % des Français et les seniors sont plus touchés, selon l’Insee

Contrairement à certaines idées reçues, ce ne sont pas les plus jeunes qui ont le plus de difficultés à l’écrit et en calcul.

Réalisée sur des personnes âgées de 18 à 64 ans, cette étude de l’INSEE révèle que 10 % d’entre elles éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.
PeopleImages / Getty Images Réalisée sur des personnes âgées de 18 à 64 ans, cette étude de l’INSEE révèle que 10 % d’entre elles éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.

ÉTUDE - Des difficultés pour déchiffrer, écrire des mots et comprendre un texte simple. C’est le quotidien d’un adulte sur dix en France, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée ce 22 avril. Réalisée sur des personnes âgées de 18 à 64 ans en 2022, elle révèle que 10 % d’entre elles éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.

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« Ces personnes ont une maîtrise incomplète (moins de 80 % de réussite aux questions posées) dans au moins une des trois compétences fondamentales, évaluées autour de situations de la vie quotidienne : déchiffrer, via la lecture de mots (5 % des personnes éprouvent des difficultés), écrire des mots (9 %) et comprendre un texte simple (10 %) », soulignent les chercheurs dans l’étude. L’illettrisme à proprement parler est moins répandu : 4 % ont des difficultés fortes et sont considérées comme illettrées, soit 1,4 million de personnes.

Ces difficultés à l’écrit vont souvent de pair avec le calcul, sans que cela soit systématique. « Les difficultés en calcul touchent 12 % des personnes de 18 à 64 ans et ont tendance à s’ajouter à celles de l’écrit : 62 % des personnes en difficulté à l’écrit le sont également en calcul », ajoute l’étude.

Les jeunes maîtrisent mieux l’écrit que leurs aînés

L’étude indique que les femmes ont plus souvent des difficultés en calcul que les hommes. « Près de 15 % des femmes ont des difficultés en calcul, contre 9 % des hommes ; seules 32 % d’entre elles sont à l’aise dans ce domaine (80 % de réussite ou plus aux exercices), contre 47 % des hommes », montre l’INSEE.

Une différence qui ne se retrouve pas à l’écrit. « À l’écrit, la part des hommes en difficulté (11 %) est similaire à celle des femmes (10 %) (...) En revanche parmi les élèves, les filles ont des résultats à l’écrit nettement meilleurs que les garçons (résultats mesurés dans les enquêtes en milieu scolaire, comme PISA) », indique l’étude.

Les plus jeunes maîtrisent nettement mieux l’écrit que leurs aînés : la part des personnes en difficulté varie de 6 % pour les 18-24 ans à 14 % pour les 55-64 ans. « Ces différences s’expliquent en grande partie par des effets générationnels : les générations les plus jeunes ont eu des scolarités plus longues et sont plus diplômées que les plus anciennes », expliquent les chercheurs. En calcul, les différences selon l’âge sont moins marquées : 10 % des 18-24 ans ont des difficultés, contre 15 % des 55-64 ans.

INSEE
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Scolarisation en France et niveau d’études

Sans surprise, le niveau de compétence des adultes dans la maîtrise de l’écrit en français est fortement lié à la scolarisation en France et à l’usage du français comme langue maternelle. Les personnes ayant commencé leur scolarité en France rencontrent ainsi moins de difficultés à l’écrit : 6 %, contre 10 % de l’ensemble des adultes de 18 à 64 ans.

Les compétences à l’écrit comme en calcul sont par ailleurs fortement liées au niveau d’études. « Ainsi, 35 % des personnes peu ou pas diplômées sont en difficulté à l’écrit ou en calcul, alors que la part de personnes diplômées du supérieur en difficulté est marginale », indique l’INSEE.

Le niveau de maîtrise de l’écrit et du calcul des adultes de 18 à 64 ans est également lié au niveau d’études atteint par leurs parents : 19 % des personnes dont les parents sont peu ou pas diplômés sont en difficulté à l’écrit, contre 3 % des personnes dont les parents sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur.

Illectronisme et difficultés administratives

Les difficultés à l’écrit et en calcul ont un impact direct sur la vie quotidienne, puisqu’elles entraînent des difficultés à maîtriser les compétences numériques. « Les déterminants de l’illectronisme sont d’ailleurs les mêmes que pour les difficultés à l’écrit », souligne l’étude. Ainsi, 83 % des personnes en difficulté à l’écrit ont utilisé Internet au cours des trois mois précédant l’enquête, contre 97 % de l’ensemble des personnes âgées de 18 à 64 ans.

Cette différence s’observe à toutes les générations mais augmente avec l’âge. Les personnes en difficulté à l’écrit entreprennent aussi moins de démarches administratives elles-mêmes : 61 % d’entre elles ont effectué une démarche administrative elles-mêmes au cours des douze mois précédant l’enquête, contre 85 % dans l’ensemble de la population, sans que rien ne laisse penser qu’elles en éprouvent moins le besoin.

Lorsqu’elles réalisent elles-mêmes les démarches, elles le font moins souvent sur Internet. Un quart des personnes en difficulté, à l’écrit ou en calcul, jugent qu’Internet complique les démarches administratives, soit dix points de plus que pour l’ensemble de la population.

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